Le thème que j’ai choisi pour mon intervention à ce forum de la littérature est la violence. C’est l’une des questions principales que j’ai traitée dans mon dernier ouvrage La Nécessaire réconciliation. Il ne s’agit pas uniquement de la violence armée, mais aussi de la violence quotidienne qui s’affiche sans gêne dans nos rues, dans les lieux de travail et au sein même de la famille. Pour commencer, il faut préciser ce que le terme violence signifie.
La violence est un acte agressif exercé contre l’autre ou contre soi-même dans le but de provoquer une souffrance qui permettra de soumettre l’autre à sa volonté afin de réaliser son désir. De cette définition, je retiens trois mots : agressivité, douleur et soumission, qui me permettent d’affirmer que la violence est par essence immorale.
Cette déduction nous place face à une problématique : si la violence est par essence immorale, comment expliquer qu’elle se généralise ? Pourquoi s’impose-t-elle autant, dans notre société certes, mais aussi dans beaucoup d’autres autour de nous ? La réponse est pourtant simple. Il suffit d’écouter autour de nous parler de la violence pour réaliser que beaucoup ne la considèrent pas comme nous-mêmes la considérons, c’est-à-dire comme un acte immoral.
Nous les entendons par exemple dire qu’elle leur permet d’être en sécurité, d’être respectés, de réaliser leurs objectifs, de faire valoir leurs droits ou même d’accomplir leur devoir. Autant d’expressions qui dévoilent une glorification et une sublimation de la violence. Sublimer la violence, c’est, à cet instant précis, cesser de la juger en tant que mal. Pis, c’est la juger en tant que bien, voire en tant que bien suprême, et le bien suprême ne peut être que moral. La violence, qui est par essence immorale, se présente donc à leur conscience comme morale. En un mot, elle se moralise. Quand une personne est dans cet état de corruption morale, rien ne l’empêche de commettre un acte violent et rien n’arrête la spirale infernale de la violence.
Et puisque la philosophie veut que de chaque réponse surgisse une nouvelle question, je vais en poser une autre : peut-on dire que la violence se généralise parce que tous voient en elle un acte moral ? Bien sûr que non. Je peux même dire qu’il est presque impossible de voir, par exemple, le sang couler sur le visage d’une victime sans réaliser que la violence est hideuse et peut être même immorale et cela quelle que soit la personne, notamment si elle n’est pas l’auteur de l’acte. Cependant, souvent, au lieu de condamner cette violence, on préfère la justifier. Or, justifier la violence, c’est lui reconnaître le droit d’exister, ce qui représente la première étape vers son expansion.(…)
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