Chafia Boudraâ qui a marqué des générations par l’interprétation de Lla Aïni, idole du cinéma algérien s’est éteinte. Elle est montée vers les siens rejoindre Sid Ali Kouiret, Keltoum, Fatiha Berbère, Larbi Zekkal et tous les talents du septième art.
Lla Aïni, un rôle que la comédienne interprète dans feuilleton El Harik (L’incendie) de Mustapha Badie. Un autre talent, portant à l’écran « La Grande Maison » (publiée au Seuil 1952), roman de Mohammed Dib publié en 1952 aux éditions du Seuil. C’est le premier volet de la trilogie Algérie (qui comprend également L’Incendie et Le Métier à tisser).
L’histoire se déroule en Algérie en 1939, elle raconte la vie d’une famille nombreuse et très pauvre, le héros est un petit garçon d’une dizaine d’années qui ne mange pas tous les jours à sa faim. Omar et sa famille vivent dans une petite chambre à Dar Sbitar (une maison collective où s’entassent plusieurs familles qui partagent la cour, la cuisine et les toilettes).
Ainsi Chafia Boudraâ dans le rôle de Lla Aïni, est cette mère qui se tue au travail pour faire vivre sa famille, mais l’argent qu’elle gagne ne suffit même pas à acheter du pain.
Devant les réclamations quotidiennes de ses enfants, la mère est désemparée. Elle maudit son défunt mari qui est parti se reposer en la laissant dans la misère.
Une réalisation à succès interprétée en arabe dialectal, ce qui a donné l’intensité et l’authenticité à l’œuvre adaptée. Lla Aini a su jouer le rôle principal. Une mère au combat quotidien. « Jadis Aïni parvenait à les calmer avec un stratagème : ils étaient encore bambins. A condition qu’elle eût un peu de charbon, le soir, elle faisait chauffer la marmite et la laissait bouillir. Aux enfants qui attendaient patiemment, elle disait de temps en temps : _ Un peu de calme. Ils poussaient de profonds soupirs résignés ; le temps passait. _ Petits, ça sera prêt dans un instant. Un assoupissement invincible les terrassait, fondant du plomb sur leurs paupières. Ils s’endormaient, sombraient dans le sommeil, leur patience ne durant jamais longtemps. Dans la marmite, il n’y avait que de l’eau qui chauffait. » (p.54)
Chafia Boudraâ est née à Constantine le 22 avril 1930. Elle a été révélée au grand public grâce au rôle de La Aïni. Depuis, elle sera mère dans une bonne partie des films algériens avant d’être grand-mère. Chafia Boudraâ a été distribuée dans de nombreux films : «L’Evasion de Hassen Terro» de Mustapha Badie en 1974 ; «Echabka» de Ghaouti Bendedouche, en 1976, «Leila et les autres» de Sid Ali mazif en 1977, «Une femme pour mon fils» d’Ali Ghanem, en 1982 et «Le thé à la menthe de Abdelkrim Bahloul en 1984, réalisateur avec qui elle tournera aussi, en 1992, «Un Vampire au paradis». L’actrice enchaînera les films et les expériences avec Okacha Touita «Le Cri des hommes» en 1999, «17, rue Bleue» de Chad Chenouga, en 2001, «Beur, blanc, rouge» de Mahmoud Zemmouri et évidemment «Hors-la-loi» de Rachid Bouchareb 2010 et au moins une dizaine d’autres films et téléfilms, tous témoins d’une carrière artistique fulgurante et prestigieuse.
Chafia Boudraâ, une étoile algérienne, a rejoint à jamais le Ciel vers le répit éternel.
La Rédaction
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