Actualité de Malek Chebel en cet automne 2012 et cet été 2013: l’auteur, qui nous a habitués ces dernières années à publier deux livres par an, réitère : L’islam, de chair et de sang (Paris, Librio, 2012, 80 p.) et, en collaboration avec Claude Durand, Racontent les Mille et Une Nuits (Paris, Idées du Monde, Nouveau Monde Editions, 2012, 308 p.), sans omettre la réédition d’un de ses premiers ouvrages Dictionnaire des symboles musulmans (Paris, Albin Michel, 1995, 2001 et 2013, plus de 500 p selon les éditions).
Malek Chebel, né à Skikda en 1953, est titulaire de trois doctorats : 1980, en psychopathologie et psychanalyse (Paris-VII) ; 1982 en anthropologie (Paris-Jussieu) et 1984 en sciences politiques (Paris). Aussi, son œuvre s’articule-t-elle autour de l’islam dans ces trois grands champs d’étude : le politique, le religieux et l’érotisme. Auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages, il publie régulièrement le bilan de ses recherches sous forme de dictionnaires ou d’encyclopédies dont le dernier en date est la réédition du Dictionnaire des symboles musulmans, Rites, mystiques et civilisation que nous présentons, dans l’attente de consacrer un dossier à un encyclopédiste de renom, de surcroît très médiatisé.
De part sa conception, cet ouvrage s’articule autour d’une idée-force : les entrées sont classées par ordre alphabétique et transcrites, soit directement en langue française, soit en traduction de la langue arabe. On passe ainsi aisément d’une terminologie à une autre, avec une traduction réciproque aussi équivalente que possible, y compris dans les différents parlers locaux. Chaque entrée principale est suivie d’une notice plus ou moins longue, accompagnées généralement de renvois à d’autres notions complémentaires traitées ou non. Y figurent également des intitulés bibliographiques ainsi que des citations du Coran, des hadiths, des proverbes, des extraits d’auteurs arabo-musulmans et des expressions populaires. Bref, le lecteur est en présence d’un réseau interdisciplinaire qui l’invite à une pérégrination bien guidée – hélas sans index – dans «l’islamie» des connaissances. Cependant, cette somme laisse apparaître une première réserve : au niveau de la présentation formelle de l’ouvrage en quatrième de couverture, l’éditeur précise qu’il renferme une nomenclature de 1 500 entrées et une bibliographie (sur 41 p) de 850 références. Il en est autrement puisque nos propres calculs ont permis de dénombrer :
-d’une part, 1436 entrées se composant de 897 articles et de 539 renvois, lesquels contiennent exceptionnellement de brèves notices.
-d’autre part, 920 références bibliographiques qui concernent des ouvrages et des articles de revues spécialisées, en majorité de langue française, les autres sources étant en langue arabe, anglaise et allemande.
La seconde observation se situe au niveau du titre du livre qui semble a priori réducteur, et ce malgré le sous-titre explicite qui atteste d’un champ d’étude beaucoup plus vaste que la stricte symbolique musulmane. Chebel donne en préface un exposé fort érudit sur sa grande richesse sémantique en langue arabe et ses métamorphoses à travers les stratifications de l’Histoire et les particularismes locaux. Ce dictionnaire, sans être systématique d’esprit ni visant à l’exhaustivité («aussi vaine que dangereuse», note l’auteur), outrepasse largement l’énoncé principal. Il englobe aussi bien la manière d’être (mysticisme et ésotérisme, deux concepts à différencier bien que disposant d’affinités) que la manière de vivre (rites, coutumes, formes) du musulman dans quelques- uns de ses aspects anciens ou d’une actualité immédiate. Cet univers civilisationnel est éclairé par sa constance corrélation tacite, dialectique ou encore transcendante avec les grands symboles, sacrés d’une religion et profanes d’un imaginaire qui en émane partiellement («l’imaginal», dirait Henri Corbin qui a forgé ce concept typique à l’islam). (…)
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