L’ivrEscQ : Un titre très évocateur qui interpelle. Autrement dit, pourquoi Le sang de mars ?
Tarik Djerroud : Oui, en effet, ce titre, j’en fais référence à mars 1962, qui représente une date charnière, et pour l’Algérie et pour la France. C’est un clin d’œil personnel pour convoquer une page de l’Histoire sanglante, jamais refermée. Ensuite, le contenu recèle une singulière histoire d’amitié entre deux individus que tout sépare, a priori, mais lorsqu’ils apprennent à se connaître, les affinités les plus insoupçonnables prennent le dessus et cimentent un attachement imperturbable, jusqu’à devenir un coupe-gorge. Bref, Le sang de mars est un chapitre du mouroir algérien de 1830 à aujourd’hui.
L. : Mais la structure interne du roman est tout autre…
T.D. : Tout à fait, mon roman est à deux têtes ! À première vue, le roman s’ouvre sur un garçon perdu sans argent, sans illusions, mais armé d’un amour sans borne pour sa mère. Nordine, pour bien le nommer, épouse l’épiderme de l’Algérie indépendante. Il vit et subit les tourments des années 2000. Pour comprendre Nordine, il suffit de regarder l’Algérie droit dans les yeux en lui assénant : «Algérie, qu’as-tu fait de ton indépendance ?» Seulement, aux derniers chapitres de mon ouvrage, on découvre un livre de mémoire qu’écrivait le Français Marcel qui, par la force des circonstances, opte pour la rédaction d’un roman à la seule fin d’être finalement lui-même, sans hypocrisie aucune, s’avouant ses quatre vérités et assumant son passé, ses crimes avec courage et lucidité.
L. : Marcel, justement, il est pourtant ce qu’il y a de plus humain ?
T.D. : Il est ce qu’il est : mi-ange, mi-démon ! Marcel est un Alsacien, fils de catholiques dont le chauvinisme le dispute à la rectitude morale, et qui pourtant a commis ce qu’on peut appeler communément l’abominable. Pris dans l’engrenage de la guerre il est emporté par la cruauté des événements qui le mue à la fois en bourreau et en victime. Et ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’il se retrouve malade, esseulé. Avec le recul et la maturité, il se soumet à un examen de conscience. Pour moi, qui suis né durant les années 70, le parcours du personnage m’intéresse au plus haut point : savoir comment le colonialisme opère, et comment il réagira à l’annonce de cette vérité (naissance d’un fils suite à un viol) que sa mémoire n’a pas pu retenir qui lui revient inévitablement comme une explosion violente à la figure.
L. : Et pourquoi cette absence de femmes ?
T.D. : Absence, non. Peu présentes, oui. Personnellement, j’avoue que je ne connais pas assez les femmes pour en parler avec abondance (…)
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Une Réponse pour cet article
J’ai bien aimé, pas de femmes certes, le sang ne coule pas trop non plus, mais un texte assez captivant.
Je n’hésiterais pas à reprendre de l’auteur son prochain livre dédicacé !
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