Très nostalgique …!
L’écrivaine Assia Djebar, publie La disparition de la langue française aux éditions Albin Michel (2003), réédité également sous forme de livre de poche en 2006. L’histoire raconte donc un retour au pays, celui de Berkane, en l’occurrence, dans cette Algérie des origines, après vingt années d’exil en France. C’est donc un véritable défi de ce fils du pays qui revient sur ses pas à sa terre de naissance, au cours de cette décennie de 1990, dans une Algérie en proie au feu et au sang. En rupture déjà avec Marise, il s’est lui-même lancé ce pari de renouer avec la vie, sans jamais oublier, cependant, le passé, celui de son enfance où il y est allé se ressourcer après cet échec avec sa compagne.
Le moment est donc fort, très émotionnel, passionnant surtout, pour Berkane qui s’installe à Alger, en pleine Casbah, dans la maison familiale qui donne sur la Méditerranée, et lui inspire des idées. L’occasion était donc propice pour écrire tout un livre sur sa vie –peut-être celui qu’il porte en lui–. Notre académicienne s’en chargera, épiant le revenant, se souvenant de son passage au sein de cette même Casbah où elle avait longtemps vécu, humé sa brume matinal et bruni à son soleil de feu.
C’est donc Berkane qui fait le déplacement de Paris à Alger, et c’est manifestement Assia Djebar qui l’accompagne, armée de sa fine plume et des intarissables souvenirs qui le mèneront au pays et au plus profond de son infaillible mémoire, répondant toujours présente au quart de tour à l’introspection. Le premier défi de Berkane était donc de retourner chez lui, même si le pays était à cette époque-là en proie à cette agitation de « l’islam intégriste » dérivant ou conduisant inéluctablement vers « la violence et la guerre civile ». Le second défi n’est autre que celui de « recomposer les fragments d’une mémoire éclatée » que la liaison brève, intense, passionnante et passionnée avec Nadjia, elle-même exilée, et de passage en Algérie, aidera à se formaliser, puisque partageant avec lui des souvenirs aussi tragiques qu’inoubliables de la période de la lutte de l’Algérie pour son indépendance.
Là, le héros avait rendez-vous avec ce haut lieu de sa propre histoire, de ses faits d’armes, et de sa langue maternelle, l’arabe en l’occurrence, laquelle inspira à l’auteure probablement le titre de cet ouvrage. Il retournait donc à l’intime. Et parmi les choses la plus intime chez l’homme, il y a bien évidemment cette langue maternelle qu’on retrouve véhiculant toutes ces bonnes traditions et culture ancestrales qui nous lient au pays de nos origines. Ces retrouvailles se font donc avec la langue arabe, considérée également comme étant celle des vers rythmés de l’amour, de la belle parole, de ce son dont l’écho restera comme gravé dans la mémoire (…)
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