Quand l’écriture se nourrit de voyages et se raconte en identité vraie
L’ivrEscQ : Vous êtes quadragénaire et votre premier roman, Tropique des silences, publié en 2000, vous a rendue célèbre à Cuba. Votre dernier ouvrage, La Havane année zéro, est paru cette année aux éditions Métailié. Vos textes sont traduits en plusieurs langues aujourd’hui. Racontez-nous votre parcours de jeune auteure…
Karla Suàrez : En fait, j’écris depuis mon plus jeune âge des nouvelles et des poèmes. J’appartiens à la génération d’écrivains des années 90 dont les critiques cubains parlaient déjà avant même d’être édités en tant qu’auteurs. À l’époque, il y avait la crise. Ma première publication, une nouvelle dans une revue littéraire, date de l’année 1996. J’avais vingt-cinq ans et cela m’a valu un prix. Par la suite, une troupe de théâtre cubaine a adapté ma nouvelle sur les planches. J’en étais vraiment fière. Encouragée, j’ai continué à publier des nouvelles dans des revues littéraires et quelques anthologies. C’est après avoir quitté Cuba, en 1998, que j’ai écrit mon premier roman, Tropique des silences. L’année 1999 a été faste pour moi car, à un mois d’intervalle, paraissait en plus du roman, qui a remporté le prix Lengua de Trapo en Espagne, un recueil de nouvelle que j’avais laissé chez un éditeur à Cuba. Ma carrière était lancée.
L. : Quels sont vos thèmes de prédilection ? Qu’abordez-vous dans vos romans ?
K. S. : Chaque roman est différent, mais la récurrence est sans contexte les personnages cubains. Le premier livre se déroule à la Havane et raconte vingt ans de l’histoire d’une fille de mon âge (non ce n’est pas autobiographique) dans le Cuba des années 70/80. J’ai traité à la fois du passage de l’enfance à l’adolescence et du vécu de ma génération par rapport aux bouleversements sociopolitiques de mon pays après la chute du communisme. Dans La voyageuse, il s’agit d’immigration entre nostalgie et oubli. Dans mon dernier roman, La Havane année zéro, je reviens sur une année particulièrement difficile à Cuba : 1993. Economie en baisse, plus d’espoir. Je construis l’histoire autour d’un document concernant le véritable inventeur du téléphone, Antonio Meucci, un italien habitant à la Havane, quinze avant Graham Bell.
L. : Quel a été votre premier sentiment en venant en Algérie, terre maghrébine, méditerranéenne et indépendante, libre depuis cinquante ans ?
K. S : Dans mon enfance, j’ai bien sûr beaucoup entendu parler de l’Algérie et des pays africains qui étaient en relation avec Cuba à l’apogée du communisme. J’étais donc très curieuse pour ma première venue ici. Je suis très heureuse, car j’ai rencontré des gens vraiment fantastiques. Ils me rappellent les Cubains dans leur gentillesse et leur volubilité. Concernant le relationnel, l’Algérie est un pays facile, avenant. Avant même d’être partie, je veux déjà revenir. Je dois dire que ce que véhiculent les médias est loin de la vérité. Pour vraiment se faire une idée d’un pays, il faut voyager et lire aussi. Comme je ne connais pas beaucoup la littérature algérienne, j’ai acheté beaucoup de livres.
L. : L’écrivaine cubaine que vous êtes, peut-elle, en cinq jours, s’inspirer de l’état des lieux ici ?
K. S. : On ne peut jamais savoir comment les histoires peuvent naître. Je rappelle que j’écris toujours des nouvelles, en espagnol. Alors quand je voyage, j’écris dans mon petit carnet pour fixer les lieux et les personnages afin de ne pas oublier et peut être, m’en servir un jour (…)
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