Le dernier ouvrage d’Abderrahmane Djelfaoui intitulé mona monaurore la septaine d’amour aux éditions Espace Libre est un écrin de mots vibrants dans lesquels aurore, printemps, lune, nuit, mouette, soleil, mer, vent, désir, jouissance, absence, caresse, chant… s’embaument aux senteurs des amours. Après la mer
vineuse, disait l’aveugle paru à L. De Minuit, ce jongleur de mots, aussi prolixe de sa verve soit-il, « commet » un deuxième registre dédié aux amours chancelantes. Le poète déverse son flot de passion pour sa muse, son inspiratrice en composant suavement monaurore façonné dans des flocons de sensualités. Un hommage à la vie, à la beauté, à la délectation, à un brin de temps, au « septaine », au sublime, à une femme : « Ô MON AURORE, au barrage de mes sangs entendre, fondre sable et chevilles, nous extraire du tohu-bohu de ce monde, psalmodier syllabe à syllabe mona-monaurore… »
Lors de notre entrevue, il confie : « Que vaut la vie de tous les jours ? La circulation, l’embouteillage, le gain d’argent, posséder des villas de deux ou trois étages, les comptes bancaires…. ? Est-ce là le bonheur ou même l’essence de ce que nous léguons à d’autres générations… » Ainsi le poète sonde-t-il le beau du factice, le pesant de l’impondérable, l’exaltation élevée de la laideur jouissive, le mouvement d’un spectacle dont, lui le poète, ne peut guère cautionner par un silence muet à l’orée de ses songes.
D’un pessimisme enthousiaste ou d’une désillusion optimiste, Abderrahmane Djelfaoui vacille tel les remous d’une vague en ponctuant son errance par Nazim Hikmet : « Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas comment les ténèbres deviendront-elles clarté ? »
Dans mona monaurore la septaine d’amour, les cris d’amour farouche ou apaisé du poète, pareils à une vieille chanson d’amants, laissent aussi bruire les vers d’Abou Firâs El Hamadânî : «… Approche-toi. Tu verras une âme épuisée dans un corps torturé. Se peut-il qu’un captif rit et qu’une personne libre se lamente, qu’un malheureux se taise et qu’un être sans souci pleure ? C’est plutôt moi qui devrais pleurer. Cependant mes larmes sont rares, même dans les épreuves… »
À lire et à offrir pour éveiller l’ombre et la lumière des songes. Ainsi le rêve d’Abderrahmane Djelfaoui absurde ou sensé est un dream qui permet la subjugation.
S.N.
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