Au départ, il y avait le poète. Celui des récitals du Mouggar et, plus tard, le portraitiste de la poétesse chanteuse Sapho. Au début des années 1970, il accède aux Temps Modernes (mars 1971). Grâce à Simone de Beauvoir avec laquelle il eut l’opportunité « d’échanger quelques mots, le temps d’une soirée » qui y fit paraître nombre de ses poèmes qu’on peut retrouver dans Alphabétiser le silence (Enal, 1986).
Salah Guemriche est aujourd’hui l’auteur d’une dizaine d’ouvrages. Une œuvre d’une grande diversité qui embrasse tous les genres littéraires. Son Dictionnaire des mots français d’origine arabe (préface d’Assia Djebar de l’Académie française, Paris, Le Seuil, 2007 : réédition : mai 2012) est devenu une référence. Jean-Pierre Tuquoi du quotidien Le Monde l’a qualifié de « fin connaisseur des rapports entre le monde musulman et l’Occident ».
Hasard !
À ce propos, il nous confie : « Ce serait plutôt l’effet du… hasard ! Hasard : mot d’origine arabe, qui plus est !… Entre nous, la langue arabe ne définit pas à elle seule l’Algérie ! Hasard de calendrier, sans doute. Disons que c’est le parcours normal, pour un passage au format « poche », dès lors que l’ouvrage s’est vendu à près de 10.000 exemplaires… On a longtemps cru que c’était une commande. Pas du tout. Quand j’ai commencé à travailler, sans filet, sur les mots français d’origine arabe, j’avais juste l’idée d’en faire une sorte de répertoire de cent pages, pas plus. Mais plus je « m’enfonçais » dans mes recherches, plus je faisais des découvertes inouïes : des étymologies que des dictionnaires sérieux ont occultées ou carrément falsifiées ! Quatre ans de travail plus tard, je me retrouve avec un manuscrit de près de 1000 pages ! Là, j’avoue que je me suis demandé si le résultat était digne d’un lexicographe ou d’un étymologiste (ce que je ne suis pas)… Pour ce qui est de la préface, Assia Djebar venait juste d’être «coupolée », comme on dit dans le jargon des Académiciens. Sous-entendu, admise sous la Coupole (encore un mot d’origine arabe !), celle de l’Académie française en juin 2005). J’ai donc eu l’honneur et le plaisir d’avoir l’accord d’Assia Djebar. Résultat : une préface des plus subtiles et des plus pertinentes, à la fois personnelle et pédagogique ! Côté presse, il y a eu à la fois de la curiosité, de l’incrédulité et de l’emballement. Comment, en effet, croire que des mots aussi français que jupe, matelas, amalgame, madrague ou même arobase viennent de l’arabe ? Parenthèse : la fameuse plage de la Madrague … L’Algérie indépendante a cru bon débaptiser le lieu pour lui donner un nom plus arabe : Djemila. Le hic, c’est que le mot « madrague » lui-même est d’origine arabe ! Comme quoi, trop de nationalisme tue le nationalisme !… »(…)
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