«Nous pouvons devenir une marque multinationale…Laissez-nous faire!»
Cahier économique : Après toute cette réussite en Algérie, NCA-Rouiba se jette à la Bourse. Comment est venue cette démarche ?
Slim Othmani : Cette idée d’aller en Bourse n’est pas venue d’une façon brutale. Dans la vie d’une entreprise, il y a ce qu’on appelle le cycle de croissance. A un moment donné de la vie de l’entreprise où les besoins en argent, trésorerie et fond de roulement se croisent. Parfois, la croissance dépasse largement la croissance de l’entreprise. L’argent sort plus fortement qu’il ne rentre. C’est un cycle dangereux. La croissance de l’entreprise peut tuer l’entreprise comme la non-croissance peut également la tuer. Donc, à ce moment de la vie d’une entreprise où on a été obligé de s’asseoir et de s’interroger sur notre financement de la croissance a coïncidé avec un grand moment de restructuration, et amené un questionnement au niveau du CA qui était le suivant : Voilà Messieurs, l’entreprise commence à bien se porter. Elle se développe très bien… mais l’entreprise a besoin d’argent pour financer sa croissance. Les ratios de la solvabilité de l’entreprise, de part le fait de sa croissance l’a débridée au point où nous ne pouvons plus emprunter du système financier. Il fallait ramener de l’argent frais. La question qui a été posée aux actionnaires était la suivante : avez-vous l’envie de soutenir la croissance ? Nous cherchions donc un partenaire qui soit à la fois financier et technique sur le plan managérial et qui puisse nous apporter de l’argent et du savoir faire. Nous avons à ce moment-là ouvert le capital à un fond d’investissement qui avait comme seule exigence d’avoir une sortie possible. Les fonds d’investissement mettent de l’argent, mais ils ne restent pas indéfiniment dans le capital. En général, c’est sur un horizon de 6 à 7 années. Ils sont évidement dans le CA et se sont des actionnaires à part entière. Reçoivent des dividendes… Ce fond d’investissement et moi avons accepté de contribuer au financement de cette croissance avec une exigence de sortie.
C. E.: Entre le moment où le fond et vous-même aviez mis de l’argent et aujourd’hui, que s’est-il passé ?
S. A. : La valeur de l’entreprise a été quasiment multipliée par quatre. Cela veut dire que, certes, ma participation a quadruplé, mais la valeur du fond a aussi quadruplé. Ça voulait dire que le jour où le fond déciderait de sortir, il fallait payer la valeur réelle. La valeur qui a été créée. On a fait appel à des cabinets d’expertises pour l’évaluation. D’où la question : Comment sortir ? Ce fond qui veut quitter l’entreprise, partiellement ou totalement, est-ce qu’on va lui racheter ses parts ? C’était trop cher pour nous, parce qu’on a crée beaucoup de valeur. A travers les banques, c’était aussi difficile pour l’entreprise de mette en oeuvre un endettement pour acheter les parts du fond d’investissement. La Bourse était l’instrument idéal pour la sortie du fond d’investissement. Pour nous, c’était un instrument qui était gratifiant vis-à-vis du consommateur algérien. Ce qui nous permettait de partager les fruits de notre croissance avec le consommateur. De plus, il y a tout un mécanisme de défiscalisation de plus-value dans cette mise en Bourse qui était aussi pour nous très intéressante. Nous ne savions pas à ce moment là que nous allions être confrontés à un petit obstacle d’interprétation. Des textes règlementaires relatifs à la sortie d’un partenaire étranger par la Bourse d’Alger. L’obstacle a été levé par la Banque d’Algérie et le ministère des Finances au bout de presque une année. On s’en réjouit aujourd’hui. Les propriétaires vont connaître la valeur perçue de leur entreprise. Nous allons être dans une logique de transparence. Depuis les années 2000, on applique dans l’entreprise strictement les principes de gouvernance. Je peux dire que c’était dur. Parfois, on est tenté par le népotisme… mais nous avons beaucoup appris de ces expériences, de nos échecs… Rouiba peut devenir une marque multinationale, sinon régionale. Pourquoi l’entreprise ne peut avoir des prétentions de marque multinationale dans le secteur de boisson ? Nous pouvons le faire. Mon message entre les lignes est : «laissez-nous faire !»( …)
Suite de l’article dans la version papier
abonnez-vous à L’ivrEscQ
Il n'ya pas de réponses pour le moment.
Laissez un commentaire