Le premier roman de Nabile Farès Yahia, pas de chance (Seuil, 1970) vient d’être réédité aux éditions Achab sous un autre titre : Yahia, pas de chance, un jeune homme de Kabylie.
Yahia, pas de chance premier roman de Nabile Farès (Ed. du Seuil, 1970) comprend quatre parties dont les titres sont des indicateurs de lieux, des va-et-vient entre Paris-Akbou, Alger-Paris, Paris-Versailles, Versailles-Paris pour revenir au voyage initial sous une autre forme que nous développerons. Ces quatre chapitres des lieux d’errance, d’études et d’amour s’enracinent dans la guerre de Libération entre 1956 et 1960, cadre historique du roman. La mémoire de l’Absent, publié quatre années après, en 1974 aux mêmes éditions semble faire corps avec Yahia, pas de chance. Ces deux romans sont à la croisée des mythes de l’oralité et de l’Histoire maghrébines qui interrogent l’identité et ses territoires.
Paris – Akbou
Dans Paris-Akbou, le jeune Yahia, étudiant au lycée Hoche, à Versailles, revient à Akbou, sa ville natale dont il a perdu les repères qui ont imprimé son enfance. La ville, en danger, est quadrillée par l’armée française. Il y retrouve sa tante Alloula devenue silencieuse, il s’en souvient, elle le berçait de ses chants immémoriaux. Son regard a perdu la flamme qu’il lui connaissait, lorsque, sous l’ombrage bienfaitrice de la vigne de la courette de la maison, les jours d’été, elle servait le café dans un sourire matinal éclatant de santé. Ce n’est plus la même. On aurait dit que quelque chose s’est cassée en elle avec cette présence des militaires qui ont mis des barbelés autour de la ville et autour de son existence, désormais, recluse. Yahia est accueilli à son arrivée à la gare par son oncle Saddek. Lui aussi est devenu grave est secret. Avec le retour de Yahia, tante Alloula retrouve un tantinet de bonheur et de vivacité dans sa vie quotidienne à la maison égayée par la présence du jeune étudiant dont elle est fière. Quelques jours après son retour, Yahia est intrigué par la venue des propos échangés entre son oncle Saddek et son hôte, un inconnu, Si Lakhdar, dans la cour de la maison.Il est question de la préparation de l’exécution d’un attentat. L’armée française a tué deux jeunes villageois soupçonnés d’avoir fomenté un guet-apens dans lequel des soldats ont trouvé la mort dans l’explosion d’une bombe aux abords de la ville. Saddek réussit à persuader Si Lakhdar du bien-fondé de son refus à repousser le jour J de l’attentat. Yahia ne comprend pas.Il reste intrigué par cette brève discussion dont il comprendra la signification et la gravité de la portée lorsque Saddek, lui-même, sera appréhendé par l’armée, sous la présence de tante Alloula apeurée. Yahia, son neveu, est lui aussi soupçonné de fomenter un mauvais coup à la garnison. Il était allé tendre des pièges à oiseaux après le couvre-feu.
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