Une quête individuelle entre le sacré et le profane
L’ivrEscQ : Dans votre ouvrage Un dernier vœu avant l’aube, la peur qui habite Hama est omniprésente. Elle traverse le long de son corps, à tel point qu’elle le paralyse. Comment peut-on écrire, une telle force, force presque matriarcale ? Je cite : «Il la sentait qui lui pénétrait dans la chair pareille au sang chaud d’un organisme vivant…»
Djamal Kharchi : Hama a été fortement marqué par les histoires de génies et de démons que lui racontait sa grand-mère dans sa première enfance. Parfois il vit des instants à la frontière du réel et de l’imaginaire. Dans ces moments-là, il perd ses repères au profit du rêve et des évasions lointaines. De par sa nature profondément sensible et son caractère introverti, Hama vit son amour pour Garmia dans le silence de son cœur. Il le garde secret en lui et cela le rend que plus fort dans ses sentiments et sa volonté de l’épouser par-delà les obstacles et les contraintes inhérentes aux traditions.
L. : Vos phrases sont d’une beauté dont on ne peut que s’éprendre. D’où vous vient cette écriture si poétique dans une quête spirituelle ?
D. K. : Je suis venu à la littérature par l’une de ses portes les plus emblématiques, celle de la poésie. C’est pourquoi je suis très sensible au sens et à la force des mots. Les mots m’habitent et me pénètrent par leur sensation. Je ressens leur résonance, leur vibration au plus profond de moi-même. Plus ce ressenti est fort, et plus les mots peuvent m’emmener loin.
L. : L’amour entre Garmia et Hama est à son comble. Celui-ci n’imaginait aucunement Garmia dans d’autres bras que les siens. Il voulait se reposer de cet amour, de ses sentiments. Car, il ressentait la pression de tous les centres de son corps. Comment peut-on écrire une telle profondeur sentimentale ?
D. K. : Pour moi écrire, c’est dire le monde et la vie avec mes propres mots et mon propre regard. J’ai un sens aigu du style que j’aime construire, un style élégant comme l’artisan qui peaufine son ouvrage. Je prise les phrases riches, imagées comme si elles étaient ciselées.
L. : Comment chaque malencontreux destin, cheikh Saad voulait avoir un garçon. Il choisit Garmia pour l’épouser. Et, le cauchemar se pointe à l’horizon…?
D. K. : Cheikh Saad est un personnage ambivalent. C’est un homme de religion qui n’a rien fait de sa vie que d’être juste et vertueux, jusqu’au jour où il est possédé par ce désir le plus fou, cette passion dévastatrice qui va l’amener à des intentions parfois démoniaques, par-delà son comportement mystique. On peut se demander combien peut-il y avoir d’hommes dans un seul homme. Entre les vertus et les défauts qu’est ce se cache de pire et de meilleur chez l’être humain ! C’est toute la complicité de la condition humaine.
L. : D’où vous vient, cet amour pour le désert «tant aimé par les prophètes, porteur de sacré et d’absolu», pour reprendre votre texte ?
D. K. : Le désert est un lieu unique qui incite à la sagesse et à la spiritualité. Son silence et son immensité procurent un sentiment d’éternité. à travers le vent du désert on sent la puissance qui s’en dégage. Quelque part il y a un peu du souffle divin. Le désert est magique avec son sable qui ressemble à des paillettes d’or. C’est un lieu de légendes et de mythes. Il nous dit combien la terre est infiniment vieille. Le désert nous parle. Il a une histoire millénaire. C’est la route des esclaves, la route de l’or, la route du sel. (…)
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