Voilà vingt ans (une seconde-millénaire !) que Tahar Djaout a été assassiné. Voilà vingt ans (une génération !) qu’un homme bon, un auteur sûr, une parole ouverte, croyant en la dérisoire protection des mots, meurt complètement désarmé.
Vingt ans après, nous ne saurons oublier Tahar Djaout toujours vivant dans les mémoires de ceux qui l’ont connu, aimé ou lu. Vingt ans après, dans un monde plus incertain dans sa métamorphose déstructurante par ses enjeux de décolonisation des espaces et des esprits, dans une Algérie porteuse de récurrents échecs triomphants en voie d’éloignement pour une prouesse républicaine à laquelle Tahar Djaout avait tant foi, L’IvrEscQ propose un dossier mettant en perspective une œuvre-vie polygraphe et plurielle, hélas inachevée.
‘’Présences de Tahar Djaout’’, tel est le titre-programme de l’ouvrage que publie Barzakh en ce mois de mai 2013, vingt ans après. Sous la direction du poète Amin Khan, des présentations, analyses, poésies, correspondances, hommages, font revivre avec clarté Tahar Djaout et aider à une meilleure compréhension de l’homme et de l’œuvre. Avec l’autorisation de l’éditeur et du maître d’œuvre qui ne seront jamais assez remerciés, nous reproduisons quelques bonnes feuilles, tout en regrettant d’autres textes aussi précieux les uns les autres. Nous y reviendrons dans le prochain numéro de la revue.
S’en suivent des articles du dossier, chacun d’eux apportant un regard singulier. Michel-Georges Bernard, l’ami-philosophe des poètes et écrivains algériens les ayant réuni dans ses Editions de l’Orycte, en Algérie puis en France, donne à lire une vue d’ensemble sur un écrivain qui n’a pas renoncé totalement à la poésie. Lui succède le poète-journaliste Abdelmadjid Kaouah, lequel re(présente) comment Tahar Djaout s’est imposé. Arezki Métref, son compagnon-journaliste notamment dans l’aventure de l’hebdomadaire ‘’Ruptures’’, revient sur les exigences de Djaout dans l’Algérie d’hier et son ‘’empreinte-impact’’ dans celle aujourd’hui. Enfin, dans une présentation universitaire accessible, Afifa Bererhi retrace un itinéraire créatif en liant les clefs d’une œuvre apparemment complexe où prose et poésie se rejoignent dans une lisibilité méritoire.
En outre, qui mieux qu’un poète –éminent de surcroît – pour parler d’un poète. Ici, le poète-plasticien Hamid Tibouchi et le poète-poéticien Jamel-Eddine Bencheikh célèbrent un poète-ami. Par ailleurs, des documents historiques toujours actuels, suivis d’écrits inédits, donnent de nouveau – et pour toujours ! – à entendre le bruit assourdissant, plus jamais silencieux, du sang et de l’encre d’un homme trop tôt disparu.
Enfin, le dossier se clôt par une bibliographie la plus exhaustive à ce jour, incitant à une lecture plus enrichissante des œuvres de / sur Djaout. C’est notre souhait le plus précieux et notre vœu le plus actif.
Hamid NACER-KHODJA
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