Adonis
Né en 1930 en Syrie, Adonis est considéré comme le plus grand poète arabe vivant. Son oeuvre poésie, essais…
– est traduite dans le monde entier.
Ô ami poète,
Nous continuons à vivre dans ce même monde qui t’a tué.
La nuit, nous recourons aux larmes. Le jour, nous regardons les morts.
Hier, la lune n’a pas désiré nous regarder, alors nous avons revêtu un manteau de brume. Elle apparaîtra près de toi, pour ne pas nous perdre.
La mort, dragon fendant son chemin dans la forêt des livres sacrés.
Que dire à ceux qui résident dans ces livres ?
Les croyances continuent de s’entasser dans les crânes, tels des objets, et les imams sont des gardiens rigoureux.
Les compagnons et les adeptes continuent à exprimer leurs opinions et leurs idées, avec des mots qui ne sont que clous et shrapnels
Notre monde arabe et musulman continue à être
Et bourreau et victime
Et entre eux, l’Occident, l’ami de l’un et de l’autre
C’est ainsi que l’Occident semble une fenêtre noire de notre Orient,
Et c’est ainsi que notre Orient semble une place de sang Une tête de coq, voilà ce monde auquel nous appartenons. Un coq qui ne se voit pas autrement qu’égorgeur ou égorgé, et les autres ne le voient que table ou festin. Un coq qui mange et boit à travers des trous percés dans les murs du ciel. Un coq : la terre dans son cri, un nid, et le ciel, une poule rouge.
Ô ami poète,
Nous avons essayé, dans toutes les directions, femmes en conversation avec le heurt caché sous leurs pieds. Hommes asseyant les morts sur leurs épaules. Épaules accumulant leur poids sur nos épaules.
Oui, le ciel continue d’empêcher les constructions terrestres.
Nous demeurerons près de toi. Nous continuerons à nous libérer de nos chaînes. Célestes et terrestres.
Et nous continuerons de répéter :
Toute prophétie est crépuscule.
Et l’homme, aube perpétuelle.
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