Elle est née un 9 janvier 1908 et cette dame terrible du Deuxième sexe, prix Goncourt, égérie de la condition féminine, n’aura pas vieillie d’une ride car ses écrits demeurent encore un phare pour celles et ceux qui défendront cette cause. Philosophe, romancière, Simone de Beauvoir offrira dans cet engagement qui fut le sien –chose que peu d’entre nous le savent– en préfaçant Djamila Boupacha, le livre de Gisèle Halimi (paru chez Gallimard) qui fut l’avocate de la patriote algérienne.
Dans cette préface, l’écrivain exhorte les Français à agir et à ne plus fermer les yeux sur les exactions commises en Algérie, en s’adressant en particulier aux politiques :
«Les efforts dépensés à propos de Djamila manqueraient leur but s’ils ne devaient éveiller la révolte contre les traitements infligés à ses frères, et dont son cas ne représente qu’un exemple très ordinaire. Mais cette révolte n’aura de réalité que si elle prend la forme d’une action politique. Il n’existe qu’une alternative : ou bien vous qui pleurez si volontiers et si abondamment sur des malheurs anciens –Anne Franck ou le ghetto de Varsovie– vous vous rangez parmi les bourreaux de ceux qui souffrent aujourd’hui. Vous consentez paisiblement au martyre que subissent, en votre nom, presque sous vos yeux, des milliers de Djamila et d’Ahmed. Ou bien vous refusez non seulement certains procédés, mais la fin qui les autorise et les réclame. Vous refusez cette guerre qui n’ose pas dire son nom, l’armée qui, corps et âme, se nourrit de la guerre, le gouvernement qui plie devant l’armée. Et vous mettez tout en oeuvre pour donner une efficacité à votre refus. Pas de troisième voie : j’espère que ce livre contribuera à vous en convaincre. La vérité vous attaque de partout, vous ne pouvez plus continuer à balbutier : «Nous ne savions pas…» ; et, sachant, pouvez-vous feindre d’ignorer ou vous borner à quelques inertes gémissements ? J’espère que non.»(…)
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