Le prestigieux éditeur parisien Honoré Champion a lancé en 2013 une nouvelle collection de livres permettant au plus grand nombre de lecteurs de découvrir les littératures du Sud. Ce sont de petits volumes à des prix défiant toute concurrence mais écrits par des spécialistes reconnus. Ils portent sur des ouvrages jugés classiques des auteurs du Tiers-Monde.
L’ivrEscQ: Pourquoi cette collection chez un grand éditeur parisien jusque-là insuffisamment ouvert à la littérature hors de France ?
Christiane Chaulet-Achour : Pourquoi ? Je pense que la réponse va de soi. Quand un éditeur aussi prestigieux vous sollicite pour une telle collection, vous ne dites pas non. Depuis que Jean Pruvost, professeur de linguistique, est directeur éditorial chez Honoré Champion, de nouvelles collections ont vu le jour, assez différentes des profils habituels. Entre les lignes prend place dans cette nouvelle ligne éditoriale. Elle n’exclut par les autres qui, elles aussi, s’élargissent. Ainsi, il y a une collection, «Francophonies», dirigée par Xavier Garnier, professeur à Paris 3, qui accueille des ouvrages scientifiques très élaborés, résultats de thèses ou de colloques.
Mais il fallait lancer une collection en ciblant un autre public : les lycéens et les étudiants et, plus largement, tout lecteur séduit par ces œuvres en langue française qui ne sont pas françaises. Celui qui en a eu l’idée est Jean- Baptiste Dufour, diffuseur Volumen, et on m’a demandé d’en assurer la direction scientifique. Demandant, depuis des années, ce type d’outils pédagogiques pour aider les enseignants à inscrire ces œuvres «francophones» (sans aucune polémique terminologique ; on entend par là, simplement des œuvres écrites par des écrivains dont le français n’est pas la langue d’origine) dans les programmes des lycées et universités, c’était, pour moi, une occasion rêvée.
La collection est bien lancée puisqu’il y a, en une année, douze titres disponibles, douze études critiques. Il faut espérer que ce sera une vraie incitation à élargir l’enseignement de la littérature à ces œuvres, dans les différents pays concernés. À l’extérieur de la France, on remarque que chaque pays ne semble s’intéresser qu’aux écrivains le concernant : la Martinique aux Martiniquais, l’Algérie aux Algériens, etc., mais la collection n’en est qu’à ses débuts et il faut espérer qu’elle durera contrairement à tant de collections qui ont tenté la même expérience et qui ont disparu. En Algérie, on peut penser aux classiques maghrébins, à l’OPU, qui n’ont pas duré.(…)
Il n'ya pas de réponses pour le moment.
Laissez un commentaire