Ce peintre et poète iranien éminent du XXème siècle est né en 1928 à Qom, l’une des villes saintes du chiisme, à 125 kms au sud-ouest de la capitale. A vingt-cinq ans, il achève ses études d’art en décrochant le 1er prix à l’Université des Beaux-Arts de Téhéran. En 1960, il obtient le 1er prix de la Biennale de peinture à Téhéran. Voyageur en Asie, en Europe et en Amérique, il écrit et publie dès les années 50, devenant l’auteur de nombreux recueils dont deux font date dans l’histoire de la littérature : Les pas de l’eau et L’espace vert. Sohrab Sepehri, qui s’est éteint en 1980 à la suite d’une leucémie aiguë, fait partie de la constellation des Nima Youshij, Ahmad Shamlou, Mehdi Akhavan-Sales, Forough Farrokhzad et d’autres qui ont renouvelé par la modernité la tradition poétique millénaire des Fariduddin Attar, Jalâloddîn Rûmi, Hafez et Omar Khayyâm.
De Sohrab Sepehri, il reste aujourd’hui plus d’un millier d’aquarelles et peintures à l’huile. Presque toutes ont pour thème la nature tant aimait-il la terre, les plantes et l’eau avec lesquelles il entretenait un rapport mystique et généreux. Son itinéraire de vie est d’une force simple et romantique que ses œuvres donnent à voir et entendre couler comme une source….
Alors que tout jeune homme, il expose aux alentours des années 50 ses premières peintures, un amateur d’art les lui achète toutes ; fait rarissime pour un jeune peintre…
Tout solitaire qu’il aimait être, Sohrab Sepehri était un artiste libre, sensible et curieux, à l’écart «des idées à la mode, des tendances politiques qui, dans un pays comme l’Iran, ne sont hélas qu’un appât trop alléchant», comme le note son ami Daryush Shayegan. Cela étant, sa poésie n’en demeure pas moins une réaction à la dégradation des valeurs et à la violence des temps modernes. De ce point de vue, il assimile pour son propre travail les expériences picturales et artistiques les plus profondes d’Europe et d’Asie. En 1960, il séjourne plusieurs mois au Japon où il s’initie à la gravure sur bois chez un maître japonais et se familiarise avec les idées du bouddhisme.
Il voyage ensuite en Inde, au Pakistan et en Afghanistan ; puis deux ans plus tard, il visite une dizaine de pays d’Europe… Artiste dans la pleine force de son art, il participe en 1969 à la biennale de Paris puis se rend à New York où il expose à la galerie Benson. En 1973, il s’installe à la Cité des Arts de Paris durant un an…
Le designer Morteza Momayez (1936-2005), directeur artistique au théâtre, au cinéma et fondateur de l’Iranian Graphic Design Society, dit de Sepehri : «Ses peintures sont extrêmement simples. Pour la plupart, elles sont des notes qui enregistrent les images du rêve. En réalité, le peintre a voulu figer les instants vivants. Son coloris semble, apparemment, très simple et sommaire. Il est aussi léger et insaisissable qu’un instant de la vie. Les couleurs qu’il jette sur la toile sont aussi douces que la peau, montrant à travers elles le mouvement du sang de la vie. Cette méthode de travail semble, de prime abord, très simple, mais elle demande un savoir technique, un travail, à la fois simple et ardu».
Daryush Shayegan, dans son introduction à l’anthologie française des poèmes Les pas de l’eau, écrit : «Sepehri aime l’Asie. L’amour qu’il voue à la nature l’apparente aux grands poètes et paysagistes de la Chine et du Japon». Ce qui n’est pas peu dire…
Quant à l’azéri Aydin Aghdashlou, historien d’art et peintre, «Sepehri n’est pas un peintre de grande ville. Il loue la nature, les chaumières et les murs en pisé».(…)
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