Roblès espagnol, Roblès oranais, Roblès et son hispanité, Roblès humaniste, Roblès et son goût pour la comédie aussi… Toutes caractéristiques expliquant l’intérêt porté par celui-ci à Miguel de Cervantès (1547-1616), à la langue et à la part algérienne de l’oeuvre de l’immortel auteur du Don Quichote de la Mancha.
C’est chose maintenant bien connue : Miguel de Cervantès Saavreda demeura cinq ans captif des Barbaresques (1575-1580), cinq années d’un «héroïsme remarquable» qui fixa la légende d’un aventurier qui avait déjà perdu un bras en 1571, lors de la célèbre bataille de Lépante.
Suivies en 1581 d’une visite officielle à Oran, alors sous tutelle espagnole depuis 1509, ces années algériennes marquèrent ensuite la production littéraire de Cervantès d’une empreinte toute particulière. Considérant qu’il n’avait pratiquement rien produit avant cela, certains même n’hésitent pas à trouver dans ce séjour la source de son inspiration. Outre de multiples allusions ici ou là, en sont directement inspirées deux pièces de théâtre :
Le Traitement d’Alger (1586) et Les Bagnes d’Alger (s.d.), ainsi que «L´Histoire du captif», un des récits de Don Quichotte, dont le prologue affirme qu’il fut entière-ment «conçu en prison où l’inconfort est total est où tout est lugubre».
C’est à partir de 1947, à l’occasion du 400e anniversaire de la naissance de «l’inventeur» du roman occidental que Roblès commence à s’intéresser à cette œuvre monumentale. Cette année-là, nommé vice-président d’un Comité pour la commémoration des 400 ans de Cervantès dont le président est le très Algérianiste Jean Pomier, il clôt la belle série de sa revue Forge par un numéro double (6-7) entièrement consacré à «Cervantès à Oran».
En 1950, Emmanuel Roblès adapte et traduit pour les éditions Charlot une courte comédie en un acte, Le Vieux jaloux, dont il dédicace malicieusement un exemplaire à «son vieux copain G.R. D’Eshougues (en l’absence de Cervantès empêché)». Cette pièce qui ne semble pas avoir été représentée en Algérie, a été reprise et créée au Festival d’Avignon, et dans une nouvelle traduction de Jean-François Peyret sous le titre Le Vieillard jaloux, parmi trois autres «Intermèdes» de Cervantès.
Quelques années plus tard, Roblès traduit et adapte une autre comédie de Cervantès, L’Espagnol courageux (El Gallardo Español), qui sera représentée en création mondiale à Mers el-Kébir le 10 décembre 1957, par la compagnie Les Tréteaux dirigée par Georges Robert D’Eshougues, renforcée pour la circonstance par la troupe El Saïdia de Mostaganem L’année suivante, le thème «Cervantès à Oran» est repris dans le n° 28-29 de la revue oranaise Simoun, moyen pour Roblès d’évoquer, sous l’un des ses pseudonymes (voir dans ce n° les bonnes pages de Roblès chez Charlot) l’ensemble de la communauté espagnole d’Oran, puis, sous son propre nom «Le séjour de Cervantès à Oran». La pièce L’Espagnol courageux» par G. R. d’Eshougues.(…)
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