Une œuvre, une voix anti-apartheid
Prix Nobel de littérature en 1991, militante anti-apartheid, la romancière sud-africaine
Nadine Gordimer s’est éteinte le 13 juillet dernier à l’âge de 90 ans.
Prix Nobel de littéraire en 1991, Nadine Gordimer s’est fait connaître non seulement par une œuvre littéraire abondante et puissante mais aussi par son combat contre l’apartheid. Elle a mis sa plume au service de la lutte inlassable contre l’apartheid sans pour autant céder à une écriture de propagande, ce qu’elle exècre au plus haut degré.
Membre de l’ANC (Africain National Congress) depuis 1960, elle reste fidèle à Nelson Mandela jusqu’à sa sortie de prison et l’abolition du régime ségrégationniste. Son œuvre littéraire, inspirée des réalités sordides ségrégationnistes qu’elle dénonce depuis l’âge de 15 ans, et le mûrissement de son combat anti-apartheid au sein de l’ANC de Nelson Mandela font d’elle une voix puissante et engagée dans les mouvements indépendantistes des pays en lutte contre l’occupation coloniale.
Dès les premières années de l’indépendance, l’Algérie est aux côtés de l’ANC et reçoit Nelson Mandela, figure emblématique de la lutte anti-apartheid, au moment où ce dernier appelle à la lutte armée contre le régime de Pretoria.
«C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme», a déclaré à plusieurs reprises Madiba. Proche du premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, Mandela reçoit sa première formation militaire au début des années 1960 avec le représentant du Gouvernement provisoire de la République algérienne, le docteur Chawki Mostefai. À Oujda où il s’est rendu dans une unité combattante de l’Armée de libération nationale, Mandela avait déclaré : «À un moment, j’ai pris une paire de jumelles et j’ai vu des soldats français de l’autre côté de la frontière. J’avoue que j’ai pensé voir des uniformes des forces de défense sud-africaines.»
En 1963, l’Algérie assure une formation militaire aux membres de l’ANC tout en menant une fronde diplomatique contre l’apartheid à l’OUA (Organisation de l’union africaine) ainsi qu’à l’ONU. À cette même période, Frantz Fanon a, lui aussi, dans une œuvre engagée, notamment Sociologie d’une Révolution, Peau noire et masques blancs… révélé les ressorts insoupçonnés du régime fantoche de la domination coloniale et de ses corollaires, l’apartheid sous d’autres cieux. L’engagement fanonien a sans doute été pour Nadine Gordimer un ferment pour la libération des peuples opprimés. Si l’œuvre de Nadine Gordimer est méconnue en Algérie, faute de réédition de ses romans, sa voix a été l’une des plus puissantes de la deuxième moitié du XXe siècle dans ses appels fulgurants à la paix et au démantèlement des régimes colonialistes, dictatoriaux et racistes.
Fille d’immigrants juifs venus d’Europe, Nadine Gordimer est née le 20 novembre 1923 à Springs, en Afrique du Sud. Restée fidèle à son pays, elle a opposé un refus catégorique de le quitter même au moment où il était dangereux d’y vivre, lors de l’apartheid, entre 1948 et 1994, date à laquelle elle fut victime d’un cambriolage qui a failli lui coûter la vie.(…)
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