Entretien avec Abdellah Dahou, directeur général
des Éditions Arak
Ami intime de Mohamed Dorbhan
«Ce roman est une malle de pirates oubliée !»
L’ivrEscQ : La publication de Les neuf Jours de l’inspecteur Salaheddine, de Mohamed Dorbhan est une histoire d’une longue amitié. Comment avez-vous connu l’auteur ?
Abdellah Dahou : J’ai rencontré Mohamed Dorbhan à l’Université d’Alger vers le milieu des années soixante-dix. Il était, à cette époque, graphiste-dessinateur comme je l’étais moi aussi. Cette époque était marquée par des grèves estudiantines. C’est comme cela qu’a commencé notre très longue amitié. J’animais à l’époque, à Amirouche, un petit comité de rédaction et d’information. J’avais donc une recrue de choix pour le bulletin. J’avais mis le grappin sur Mohamed Dorbhan. On organisait tous les deux des expositions, on dessinait dans des cafés, on brocardait la société et le régime de l’époque. Cela a duré jusqu’à la création de l’UNJA et de son organe de presse L’Unité. Un service artistique y a été créé. Son directeur de l’époque, Abdelmadjid Kaouah, m’avait sollicité. J’avais donc entraîné Mohamed Dorbhan là dedans.
L. : À l’époque, saviez-vous qu’il écrivait ?
A. D. : Non, nous faisions du graphisme, bien évidemment, accompagné de textes. Mais c’était le trait qui était dominant et ça a duré jusqu’à ce que nos chemins se séparent. Il a rejoint l’hebdomadaire Algérie Actualité où je l’ai suivi après avoir fait le tour d’autres organes de presse comme Révolution africaine. Nous nous sommes retrouvés dans cet hebdomadaire comme illustrateurs caricaturistes mais nous faisions des incursions dans l’écrit. Cela a duré jusqu’en octobre 88. Juste après les événements du 5 Octobre, Mohamed m’avait annoncé sa décision d’arrêter le dessin et de passer à l’écriture journalistique. Il s’est lancé dans le reportage et la chronique TV que tenait Mustapha Chelfi. Il a continué au Soir d’Algérie. Il m’avait caché qu’il avait mis en chantier ce roman et je ne l’ai su qu’à sa mort. Je connaissais ses travaux de graphiste que j’ai présentés en hommage à sa mémoire en 2006 à la librairie Espace Noun, à Alger.
L. : Comment avez-vous appris l’existence du manuscrit ?
A. D. : On commençait à parler qu’il y aurait un manuscrit laissé par Mohamed Dorbhan. Jusqu’à ce que son frère cadet Ben Allel me le remette. Dorbhan l’avait tapé à la machine. Quand j’ai l’ai lu, j’ai découvert qu’il l’avait soumis à quelques confrères pour correction. Des amis qui y ont apporté des annotations.
L. : A-t-il été influencé par Tahar Djaout, son collègue d’Algérie Actualité ?
A. D. : Il faut préciser que du temps d’Algérie Actualité, nous avons côtoyé une grande plume de la littérature algérienne, Tahar Djaout, c’était notre collègue. Je suis sûr que Mohand Dorbhan a demandé son avis sur ce manuscrit parce qu’il y avait un échange constant. Tahar Djaout, je me rappelle, alors qu’on était en réunion de rédaction, me passait des bouts de papiers des Vigiles pour avoir mon avis. Il m’avait même soumis trois titres du roman qui deviendra Les vigiles. C’était l’ambiance de l’époque. Quand j’ai quitté l’hebdomadaire, j’avais des projets d’édition. Je voulais réaliser un almanach qui serait une osmose entre le graphisme, la photo et le texte. J’avais donc sollicité Tahar qui se désolait de n’avoir pas le temps qu’il consacrait assidûment à ses projets romanesques. L’influence de Djaout sur l’écriture de Dorbhan est évidente.(…)
R.M
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