La guerre d’Algérie en Alsace, Enquête sur les combattants de l’ombre, 1945-1965, Strabourg
La nuée bleue, 2013, 271 pages
Ce livre d’Yves Frey1 ne se réduit pas, comme le laisse entendre son sous-titre, à une «enquête sur les combattants de l’ombre» de la guerre algérienne de Libération : l’auteur travaille certes sur l’histoire de l’immigration, mais pas seulement. Il s’intéresse plus largement à l’histoire sociale et culturelle du XXe siècle, ce livre en témoigne, il parle des Algériens, mais aussi des Alsaciens et de leurs rapports.
Yves Frey a eu recours tant à des archives inédites des RG aux archives départementales du Haut-Rhin et du Bas- Rhin il y a travaillé notamment sur le fonds Jacques Fonlupt-Esperaber, aux archives municipales de Mulhouse, à la presse, à quelques témoignages d’acteurs, et à une riche iconographie qui illustre son livre de manière parlante.
L’Alsace : dans ce contexte brûlant de 1954-1962, une contrée méconnue dans l’Hexagone du grand public et même des férus d’histoire, alors qu’on dispose d’autres études sur l’ensemble de la France ou sur telles régions2. De fait, l’Alsace présente des particularités : nombre de soldats algériens de la 1re Division française libre participèrent à la libération de l’Alsace en 1944-45. Puis pour les travaux de reconstruction d’un pays ravagé, il fut fait appel à des travailleurs algériens – ils y étaient encore très peu nombreux en 1939.
Le livre montre la différence entre le Bas-Rhin et le Haut- Rhin où les immigrés algériens étaient plus nombreux, dans la citadelle ouvrière de Mulhouse notamment.
Ce livre, tout organisé chronologiquement qu’il soit, procède en continu à une analyse du cas alsacien en rapport avec l’évolution de la guerre en France et en Algérie.
Yves Frey présente ainsi les prodromes du mouvement national algérien avant la thawra de 1954, puis il relate l’implacable lutte entre le MNA messaliste et le FLN, entre les syndicalistes de l’USTA, messaliste, et l’UGTA frontiste, pour contrôler les Algériens d’Alsace (nombre d’entre eux, notamment ceux qui y avaient fait souche depuis 1945, étaient souvent rétifs à l’un et parfois à l’autre). Ces affrontements connurent leur paroxysme durant les trois premières années de la guerre et ils se conclurent par la victoire du FLN, mais ils furent moins sanglants que par exemple, dans la région lyonnaise ou en Lorraine, où le MNA ne céda jamais complètement le terrain. En Alsace, le MNA était moins bien structuré pour le combat clandestin et, comme tel, il fut plutôt la victime première de la répression policière.(….)
Il n'ya pas de réponses pour le moment.
Laissez un commentaire