Ici, nous tenterons d’exposer des éléments de réponse à trois questions hypothétiquement reliées : Pourquoi est-il besoin en ces moments précis de dépasser les études relevant de la critique et des théories littéraireset de la linguistique et d’envisager une approche bibliométrique des écrits consacrés à Mouloud Feraounet à son œuvre érigée, sans conteste et à raison, au rang de fondatrice de la littérature algérienne d’expression française ?
Offerte à toutes les formes d’étude et de lecture comme un gage à l’universalité, son œuvre n’est pas du tout en quête de reconnaissance. Traduits dans de nombreuses langues et maintes fois réédités tant en Algérie qu’à l’étranger, les livres de Mouloud Feraoun sont un patrimoine littéraire universel intensément re(visité) par des chercheurs, qui nous ont livré à intervalle soutenu des textes critiques et commentaires inauguraux et sérieux,que par des lecteurs,connaisseurs et/ou curieux,avides de la littérature classique de haute facture. Il faut dire qu’en 2015 cent-deux ans seront passés depuis la naissance de l’écrivain en 1913 (à Tizi-Hibel, at-Mahmoudh en Kabylie) et cinquante-trois années se sont écoulées depuis son lâche et ignoble assassinat, le 15 mars 1962 à Alger (quatre jours avant la signature des Accords d’Evian), avec cinq de ses collègues, dans un odieux crime prémédité,sous l’emprise d’une incontrôlable haine et d’une incompréhensible folie, par les hordes de l’OAS pour réduire au silence età néant par la terreur et le sang toute velléité de progrès et d’intelligence de la future Algérie indépendante. Produite à un rythme soutenu et régulier, son œuvre, que le lecteur ou le chercheur (re)découvrira sûrement avec bonheur et engouement, est colossale : Le Fils du pauvre, Cahiers du Nouvel Humanisme, Le Puy, 1950, réédité au Seuil en 1954 (amputée de toute la partie intitulée Fouroulou Menrad redonnée dans L’Anniversaire) ; La Terre et le sang, Le Seuil, 1953 ; Jours de Kabylie, Baconnier, 1954 (réédité au Seuil en 1969) ; Les Chemins qui montent, Le Seuil, 1957 ; Les Poèmes de Si Mohand, Editions de Minuit, 1960 ; Journal, 1955-1962, Le Seuil, 1962 ; Lettres à ses amis, Le Seuil, 1969 ; L’Anniversaire, Le Seuil, 1972 (quatre chapitres seulement du roman porte ce titre, les autres textes sont des reprises) ; La Cité des roses, publié à titre posthume aux éditions YamCom en 2007. Il a également, il faut le signaler, publié de nombreux textes (des contes, des réflexions ponctuelles, des prises de position, des extraits de ses œuvres) dans des périodiques et des journaux bien vus et sérieux. De ses livres, trois ont bénéficié d’une attention particulière de la part des critiques. Il s’agit de : Le Fils du pauvre, Les Chemins qui montent et Journal, 1955-1962. On y découvre en effet une pensée foisonnante et batailleuse rendue, avec spontanéité, honnêteté, naïveté et authenticité, dans un style simple, généreux et limpide. Les écrits de Mouloud Feraoun sont un bel exemple d’une œuvre vraie et prophétique qui, par le génie de son auteur, est arrivée à narguer et à transgresser toutes les frontières : celles de l’espace et du temps et celles des thématiques traitées avec recul, distance et espace tiers d’interprétation et des problèmes abordés qui constituent de nos jours et encore aujourd’hui des problématiques à la fois lancinantes, grandiloquentes et d’actualités. De cette envergure, témoignent les nombreux chercheurs de tous bords qui les ont étudiés. Cela parce que ceci : son œuvre se donne à une approche pluridisciplinaire. En effet. Philosophes, historiens, sociologues, linguistes, ethnologues, psychologues, spécialistes en bibliothéconomie ou en sciences de l’information et de la communication, etc., y ont trouvé et y trouveront au besoin matières à étude et à réflexion. Ils ont tous abordé chacun d’un point de vue différent l’immense richesse d’une œuvre qui, dépassant les seuls cadre et intérêt littéraires, a aujourd’hui valeur de patrimoine offert à la postérité et à l’universalité et résistera à coup sûr à l’usure du temps auquel s’exposent généralement d’autres œuvres. Il est temps de faire le point sur l’intérêt qu’a suscité cette œuvre dans les milieux universitaire, intellectuel et journalistique. La bibliométrie est l’approche tout indiquée pour ce faire dans la mesure où elle procure des outils et des instruments adéquats.
Que signifie l’approche bibliométrique ?
Crée d’un biblion (livre) et d’un -métrie (mesure), le néologisme bibliométrie remonte à 1934 et c’est à Paul Otlet(1868-1944) que nous le devons2. Belge de nationalité et titulaire d’un doctorat en droit, Paul Otlet est une figure emblématique du 20e siècle, un personnage fascinant et incontournable.Passionné et éprisdetoute la production intellectuelle (scientifique, littéraire ou artistique), il a consacré sa vie à sa collecte, son traitement, sa conservation et sa diffusion. Son Traité de documentation,le livre sur le livre, théorie et pratique(1934) n’est pas seulement un travail de synthèse, il est aussietsurtout une œuvre colossale considérée comme un texte fondateur des sciences de l’information et des bibliothèques
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