Il a été le pont entre l’Orient et l’occident par les lettres et les arts.
Né à Beyrouth le 28 septembre 1929, Salah Stétié se définit comme « judéo-christiano-musulmano-athée ». Élève de Gabriel Bounoure à l’École supérieure des lettres de Beyrouth, proche de Georges Schehadé, il a, plus qu’un autre, éprouvé le choc de l’histoire, vécu et souffert le désir d’unité. Cette confrontation, cependant, ne l’a pas conduit à choisir un monde contre un autre, mais, bien au contraire, à tenter de les concilier en forgeant un langage qui leur soit commun. De ce désir de voir dans le bassin méditerranéen un espace non pas de guerre mais de rencontre, il s’est expliqué dans son essai Les Porteurs de feu (1972), à la fois prélude à sa poésie et étude approfondie des racines spirituelles du monde arabe, ainsi que de son possible avenir. Il y parle notamment de sa conception du poème : « Cessant d’être description, nomenclature, inventaire de surface, le poème sera un nœud de forces consumées dans l’acte même qui les noue, et devenues matière invisible, champ magnétique. » Plus tard, il reviendra sur la spécificité de la culture libanaise en publiant Liban pluriel (1994).
Cet espace de consumation qui caractérise sa poésie, véritable creuset où toute la disparité contradictoire du monde se trouverait soudain concentrée en un alliage d’une exceptionnelle densité, porté à son point d’unité le plus haut, Salah Stétié s’est attaché à le réaliser dans une suite de recueils : L’Eau froide gardée (1972), Fragment : poème (1973), Inversion de l’arbre et du silence (1980), L’Être poupée suivi de Colombe aquiline (1983), L’Autre Côté brûlé du très pur (1992), Fièvre et guérison de l’icône (1998), Fiançailles de la fraîcheur (2003). On trouvera là les plus sûrs acquis de la poésie occidentale, sa faculté de rupture et d’invention formelle comme métamorphosés par l’amour arabe de la parole qui, en faisant de chaque poème le couplet d’un chant voué à l’interminable, fait du livre une psalmodie, et lui donne une couleur et une accentuation vocales inédites dans notre langue. (source Universalis)
RABI’A DE FEU ET DE LARMES Salah STÉTIÉ Collection poche « spiritualités vivantes ».
Râbi‘a al-Adawiyya (713-801) est la première grande figure du soufisme, et il n’est pas indifférent qu’elle soit une femme. Elle est l’objet d’une vénération qui se poursuit encore de nos jours, aussi bien au sein des milieux populaires que des cercles soufis. Ses paroles et ses poèmes, recueillis et transmis au fil des siècles par une chaîne ininterrompue de spirituels, conservent aujourd’hui encore toute leur actualité. Son rayonnement et sa personnalité de feu lui permirent toutes les audaces. On raconte notamment qu’elle se promenait avec un seau d’eau et une torche : le premier, disait-elle, était destiné à éteindre le feu de l’Enfer, et le second à porter le feu au Paradis – ceci pour faire valoir une spiritualité totalement désintéressée, qui ne procède pas d’un marchandage moral avec Dieu.
« Rabi’a de feu et de larmes de Salah Stétié
Ô Toi, Médecin du cœur et Cime de mon désir,
Accorde-moi l’union en Toi, celle en qui l’âme cicatrise!
Ô ma Fête, ô ma Vie, profuse éternité :
En Toi ma source ; en Toi, mon ivre ressource !
J’ai délaissé tout le créé par espérance
De m’unir à Toi, c’est la pointe de mon vœu ! »
Salah Stétié est un poète libanais de renommée internationale, il a côtoyé les plus grands poètes et artistes depuis les années 50, et a souvent collaboré avec ces derniers. Après une biographie et une introduction lumineuse, Salah Stétié nous offre une magnifique traduction des 14 poèmes et des 56 propos qu’il nous reste de la sainte. Les calligraphies du grand artiste Ghani Alani accompagnent les paroles de Rabi‘a. Parmi les dizaines d’ouvrages (poésie, essais, livres d’art) qu’il a édités, Albin Michel a publié notamment dans la même collection Mahomet (2001) et Le vin mystique et autres lieux spirituels de l’islam (2012).
Il n'ya pas de réponses pour le moment.
Laissez un commentaire