Aïda, la narratrice, femme intellectuelle, ne se relève pas de la mort de son fils assassiné par le terrorisme. Dans une extrême tension de l’intime, vidée de sa substance, elle tente, dans un élan poétique irrépressible, de le faire revivre en elle…
« Puisque mon coeur est mort » est un roman effroyable écrit sous la forme d’un journal que la mère écrit à son fils disparu.
Aïda femme quadragénaire est professeur à l’université; elle imagine la sentence de ceux qui prônent la justice divine ! Elle raconte par écrit à son fils, assassiné à fleur d’âge par le terrorisme, toutes les turpitudes d’une vie : celles qui viennent pleurer le disparu. Les soeurs en détresse. Celles qui mêlent leurs propres pleurs à cette circonstance. Les curieuses. Les gardiennes de foi.
Aïda, vidée de sa substance, pleure son amour-enfant. Soudain, cette inconnue, habillée en jean basket, fait irruption dans ce recueillement. Au moment où le lecteur ne voit pas le bout du tunnel de cette ambiance pesante, cette jeune fille se révèle un rets d’amour dans cette nappe de lourdeur ; « serait-elle la dulcinée de mon enfant que j’ai raté de connaître ? » s’interroge Aïda. Deuil, douleur, solitude, effacement de toute une vie, malheur, mort, impuissance, sang, haine… est la palette d’une situation extrême. Entre la mère et le fils, entre le mort et le vivant, entre l’écrit et l’ouïe, entre ce monde ici-bas et l’éternité, l’écrivaine reconstitue ce qui semble rompu afin d’en suivre le cours des desseins ! « Je », voix d’Aïda, raconte le premier jour de la mort de sa chair. Assommée par le valium, elle entend les femmes s’affairer dans sa cuisine ; tout ce va-et-vient dans la maison et le bruitage des mouvements de la vie demeurent pour elle un sentiment étrange d’irréalité ! Maïssa Bey décrit un deuil rallongé qui n’arrête pas sa cadence dans une écriture d’un intime insondable. Mais, que c’est fascinant de pénétrer la langue de Molière parsemée de mots algériens « Yemma, Bekkyate, Bid’aa ». Ainsi, par la poésie, l’auteure surpasse ces mots incompris par d’autres ; le « je » de cette voix de mère, le personnage principal du roman, pleure son enfant de vingt quatre ans fauché par un cruel destin ; pleurs et prières muets sont le préambule du roman. Roman dur ; cependant on poursuit à le lire. L’auteure emmène le lecteur dans un monde inépuisable où le mal abonde. «Je », voix de mère écrit à son fils ; elle écrit tous les jours jusqu’au restant de sa vie le décompte des jours, des mois, et des années n’a plus aucune importance.
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