L’ivrEscQ : Comment est né ce projet d’adaptation, cela s’est-il imposé à vous comme une évidence suite à la lecture du roman ?
Alexandre Arcady : Plus qu’une évidence. Après la première lecture de ce roman, j’ai tout de suite pensé à un don du ciel. J’ai eu immédiatement l’impression que si j’avais fait du cinéma jusqu’à aujourd’hui, c’était dans l’attente d’une telle œuvre à adapter au cinéma. Je me souviens, j’étais en vacances à l’étranger, et si tôt la dernière page tournée, je n’avais qu’une seule envie, rentrer à Paris, contacter Yasmina Khadra et acquérir les droits.
L. : Vous parlez de ce projet avec beaucoup de passion, que représente-t-il pour vous sur le plan personnel ?
A. A. : Dans votre question, il y a déjà une partie de la réponse. Effectivement, j’ai été touché par cette histoire comme de nombreux lecteurs. L’évocation que l’auteur fait de cette Algérie d’hier accentue les relations qu’un « enfant du pays » peut avoir avec ce récit. Le symbole était magnifique. Cette histoire d’amour « impossible » entre Younes/Jonas et Emilie symbolise parfaitement l’histoire de nos deux pays. En me plongeant dans cette fresque, j’y ai retrouvé toutes les sensations qui ont accompagné mon enfance et mon adolescence, et comme beaucoup, j’y ai retrouvé des images d’un pays et d’une histoire si complexes, mais terriblement émouvantes. Il y a du Jonas en moi.
L. : En 2009, vous vous êtes rendu en Algérie afin d’effectuer des repérages. Vous aviez alors confié aux médias votre souhait de tourner ce film en Algérie, or vous venez de passer deux mois de tournage en Tunisie ; Pourquoi ce pays ?
A. A. : En venant repérer en Algérie et découvrir une région que je ne connaissais pas, l’Oranie et Rio Salado, décor de l’histoire, je tenais ainsi à marquer mon désir de planter ma caméra en terre algérienne, mais aussi de prendre la mesure des possibilités de production que je pouvais trouver sur place. Ce voyage a été plein d’enseignements, les médias en ont reflété l’enthousiasme, et malgré les difficultés que je présumais dans cette mise en production, ma décision était faite, je tournerai à Rio Salado, Oran et Alger. Mais hélas, je n’avais pas pris en compte les problèmes « administratifs » ! Pendant plus d’un an, avec l’aide de Yasmina Khadra et de Bachir Derraïs, mon coproducteur, nous avons bataillé pour obtenir une autorisation de tournage et une coproduction absolument indispensable, compte tenu de l’ampleur du projet. La bataille fut rude, injuste, injustifiée, les autorités de tutelle étaient décidées à faire en sorte que ce projet n’aboutisse pas. Alexandre Arcady était visé avec des amalgames insupportables. En tant que metteur en scène et producteur, je devais prendre en considération cette mauvaise volonté affichée et me tourner vers des solutions alternatives. Naturellement, j’ai opté pour la Tunisie, pays qui m’avait déjà accueilli pour deux de mes films, Le coup de sirocco et Le Grand Carnaval. Quand l’autorisation de tournage algérienne est enfin arrivée, je ne pouvais, sans une coproduction effective, tourner l’intégralité de ce film en Algérie. Les Tunisiens m’offraient une véritable coproduction financière, 20% du budget et puis… La « Révolution du Jasmin » est passée par là… Malgré tout, je tenais à tourner une partie du film à Alger, Oran et Rio Salado, ce que je vais faire dans les jours prochains afin de terminer le tournage du film (…)
Propos recueillis par Soraya Boudriche Derrais
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