L’ivrEscQ : Comment peut-on clôturer cette année 2016 sur le plan littéraire ? Et si nous revenons sur l’évènement du Sila, quelle est votre appréciation d’abord en tant que ministre de la Culture, aussi en tant qu’écrivain ?
Azzedine Mihoubi : La rentrée littéraire en Algérie coïncide effectivement avec le Salon international du Livre d’Alger. C’est l’événement littéraire-culturel le plus important de l’année en Algérie. Et nous le constatons aujourd’hui au bout de cette 21ème édition. A cet effet, nous donnons effectivement tous les moyens à ce rendez-vous ô combien attendu. Le livre est important en Algérie. Il n’a pas de prix, il est donc essen tiel pour le savoir. D’ailleurs, je considère qu’une société ne peut pas évoluer sans son intérêt constant pour le livre. Nous publions autour de 10 000 titres par an.Ces titres convoquent la missiondes éditeurs. Seulement, nous constatons que parmi ces éditeurs, nous avons des professionnels qui portent l’amour du livre et les moyens de leur mission, comme nous déplorons qu’il y ait encore des éditeurs qui manquent de rigueur que je qualifie d’éditeurs «saisonniers». Ceux-là, en revanche, profitent de l’opportunité et ‘’freinent’’, en quelque sorte, cet épanouissement livresque.
L. : Nous constatons que le livre algérien souffre de visibilité devant le livre importé qui nous vient d’ailleurs. Pourquoi ? Que doit-on changer dans nos mentalités pour croire aux livres que nous publions chez nous ?
A. M. : Notre pays booste le livre sur le plan réglementation pour mener à bien le marché du livre, pour veiller sur les maillons de la chaîne le livre, sur le consommateur du livre et, enfin, assainir l’espace des 1100 éditeurs, en remédiant les failles des années précédentes. Cela nous permet, en fait, de consolider la fonction noble des éditeurs pour mettre à leur disposition des espaces leur permettant l’accès aux livres. Un accès aux professionnels qui veulent défendre le livre, le porter et évoluer avec des perspectives. A cet effet, je considère que l’aspect réglementation est important. Un autre point de vue que je tiens à souligner, nous considérons que l’Algérien ne lit pas, je ne suis pas d’accord avec cela. C’est faux ! Sinon comment expliquer la grande affluence du public venu nombreux des wilayas du pays. Je vous cite aussi, cet exemple frappant, de cet enfant de sept ans Mohamed Farah Djeloud qui vient de remporter le prix «champion 2016 de Arab reading challenge» à Dubaï. Ce lauréat a pu lire 50 ouvrages et les résumerdevant la commission. Il a obtenu le prix parmi 3,5 millions de candidats issus de plusieurs pays. Donc, comment dire que nous ne lisons pas. Une autre réalité, nous sommes informés que lors du Sila les éditeurs vendent. Ils le disent eux-mêmes. Et, tout ce monde qui se bouscule et qui sort avec des paquets de livres. Probablement, l’Algérien ne lit dans des cafétérias, ni dans le métro ou encore dans des jardins comme nous le voyons en Europe ; mais, il lit dans son intimité. Dans l’espace public, il lit le journal. Il lit les articles politiques. Et pour revenir au salon du livre, ce salon est un espace pour commercialiser le livre.
L. : La culture dans sa diversité reste le reflet d’une civilisation d’une nation, qu’a-t-elle apporté la littérature à notre société plurielle ?
A. M. : En effet, la culture reflète ce que nous sommes. L’événement du salon international d’Alger le
montre. Cet engouement montre que notre culture/littérature se porte bien ; d’ailleurs, nous pensons faire dans nos prochaines éditions un sondage pour savoir ce que lit réellement l’Algérien. Qu’est ce que nous lisons véritablement le plus. Est-ce le roman? Le livre d’histoire ? Les essais ? Qui lit le livre religieux ? Savoir l’âge du lecteur averti. Que lit la femme ? En fait, nous voulons savoir un peu plus. C’est important de comprendre cela. Et puis, pour revenir au Sila qui vient de s’écouler, il suffit de voir l’intérêt des personnes qui assistent au programme. Un programme qui passionne le commun des visiteurs avec d’illustres écrivains de la littérature mondiale. L’éducation nationale participe et fait profiter l’enfant par des visites au Salon du livre. D’ailleurs, cette année, l’éducation nationale a participé pour intégrer le roman dans le livre scolaire. Le ministère des affaires religieuses a participé pour jauger à l’aune de cette problématique de la religion qui se divise par des courants. Il y a aussi l’amazighité qui a pris une place importante dans cette édition. Il y a eu beaucoup de livres traduits de différentes langues vers la langue amazighe. L’Etat algérien pousse cette langue et fait sa promotion pour une place prépondérante nationale. Nous avons eu une thématique ô combien importante qui allie le cinéma à la littérature.
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