Bahiyyih Nakhjavani : « Evidemment, j’injecte de la fiction, car je n’ai pas toute l’histoire ; et puis je suis frappée par le fait que nous n’avons pas d’histoires autour de la femme iranienne »
L’ivrEscQ : Vous mettez en exergue une poétesse, Tahirih Qurratu’l-Ayn, qui affronte par la liberté d’expression les théologiens dans un pays où règne la mère du shah. Pourquoi ressortez-vous ce qui heurte l’ordre établi par cette poétesse ?
Bahiyyih Nakhjavani : J’avais connu cette histoire de cette femme depuis mon enfance. Elle était mon héroïne, cependant, ce que je trouve dommage c’est qu’elle n’est pas connue par nos compatriotes. Elle est oubliée. Cette grande dame reste occultée et considérée presque comme une prostituée. Je voulais ressortir cette femme exemplaire de son époque et la rendre vivante, je trouve que sa vie et son courage sont véritablement un exemple pour nous ; elle est un modèle. Je ne voulais seulement partager ce travail avec les femmes iraniennes, mais aussi avec les Occidentales. Son courage et sa vie sont un exemple à suivre. Car aujourd’hui, on se trompe lorsqu’on pense que la liberté, le courage et le combat sont propres aux Occidentales.
L. : C’est une femme qui existe de l’époque du shah, une époque pas aussi compliquée que celle de Yatoallah…
B.N. : Oh si, c’est le début de la complication. Car à cette époque l’Iran est pris entre le pouvoir de la Russie et la Grande-Bretagne qui commençait à prendre le pouvoir sur nous. Il n’y avait pas le pétrole, mais il y avait d’autres ressources et la richesse du pays. Le shah a donné tout le monopole du commerce aux Anglais. Ça a commencé avec l’Angleterre ensuite les USA. Les anglais étaient paranoïaques avec l’Inde. Le début de la complication remonte au milieu du 19 siècle.
L. : Votre personnage principal est féministe. Celle-ci va heurter les théologiens et les idées reçues par la force du combat. Quelle est la part de la fiction et celle de la réalité dans votre roman ?
B.N. : Evidemment, j’injecte de la fiction, car je n’ai pas toute l’histoire ; et puis je suis frappée par le fait que nous n’avons pas d’histoires autour de la femme iranienne. En Occident aussi, mais en Iran c’est quasiment inexistant, à croire que la vie des femmes est gommée. Donc, à partir de mon héroïne, je voulais ressortir des voix plurielles qui gravitent autour d’elle. Vous n’êtes pas sans savoir que le choix des femmes d’aujourd’hui est plein de contradictions, je vois ma vie, celle de ma fille qui est aussi écrivaine. Est-ce que la carrière est plus importante ou le fait d’être mère ou que sais-je… Je voulais ressortir des voix féminines à travers l’histoire (…)
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