L’ivrEscQ : D’où vous est venue l’idée de ce livre ?
Denise Brahimi : Algérie enfermement fait suite à mon livre précédent paru en 2014 aux éditions Casbah sous le titre Des refuges et des pièges, grottes symboliques dans l’Algérie coloniale. Comme on peut en juger par le précédent titre, le projet était et il est encore d’explorer une ambiguïté, et d’aborder par là la psychologie collective des Algériens, à partir d’œuvres littéraires ou artistiques susceptibles de l’éclairer.
L. : Y a-t-il une raison particulière qui vous a incitée à l’écrire ?
D. B. : Le point de départ de l’essai se trouve dans le récit de Samir Toumi : Alger, le cri et exprime donc un sentiment tout à fait contemporain puisque ce livre est de 2013. Mais à partir de là, je me suis donné le droit de remonter dans le temps à différents moments.
L. : Votre essai porte en soustitre « littérature, cinéma, peinture». Comment avez-vous fait votre choix ?
D. B. : Oui, dans Algérie enfermement, ma recherche a été élargie à plusieurs domaines de la création
artistique, littérature, cinéma, peinture, car on trouve dans chacun d’eux des œuvres qui permettent de constater et de comprendre ce qu’il en est de cet enfermement. Ce qui m’intéressait est un sentiment paradoxal et un peu mystérieux bien qu’on puisse le constater fréquemment. Je vais vous lire ce que j’ai écrit pour présenter ce livre sur la quatrième page de la couverture : En Algérie, tout le monde se plaint d’étouffer et dit son désir d’aller voir ce qui se passe ailleurs, quoi qu’il en soit. Mais en même temps, dès qu’ils sont loin de chez eux, ces mêmes Algériens ont envie d’y revenir et se sentent orphelins de leur pays.
L. : Quel ordre avez-vous suivi pour présenter les œuvres dont vous parlez ?
D. B. : Je suis remontée dans le temps assez librement, selon un parcours à la fois thématique et logique mais qui ne tient pas forcément compte de la chronologie. J’ai essayé de suivre le mouvement de la mémoire lorsqu’elle part à la recherche de ce qui peut nous éclairer sur nousmêmes. Elle part parfois du présent ou d’un passé récent qui à son tour convoque des souvenirs plus anciens. J’ai pensé par exemple à la manièredont un livre d’Assia Djebar, L’amour la fantasia, paru en 1985, nous incite à remonter jusqu’au début de la période coloniale et à un récit de voyage très touchant de Fromentin, auteur d’Une Année dans le Sahel : il évoque le repli sur soi des Algériens qui, soumis à la violence de la conquête, ont observé une sorte de défense passive, n’ayant à leur disposition aucun autre moyen de résister.
Suite de l’article dans la version papier
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