La mémoire algéro-française est en train de se retisser à travers de grands noms, des symboles admirés d’un bord à l’autre de la Méditerranée : en 2007, le Centenaire de Jules Roy, a ainsi été célébré en Algérie (au SILA) comme en France (au calendrier des commémorations nationales) ; en 2013, les deux pays se souviennent conjointement du 40ème anniversaire de la mort de Jean Sénac et des Centenaires d’Albert Camus et de Mouloud Feraoun.
Mais cette mémoire a aussi ses oubliés, ceux que l’on ne convoque que trop rarement, dont l’action, pourtant attestée, a sombré dans l’oubli, dont les œuvres ne sont au programme d’aucun établissement scolaire et inspirent peu les jeunes chercheurs. Ainsi en est-il, sans que l’on puisse s’expliquer pourquoi, d’Emmanuel Roblès (1914-1995).
Né à Oran, le 4 mai 1914, dans une famille d’origine espagnole, émigrée depuis peu en Algérie, Emmanuel Roblès est orphelin de naissance, «enfant posthume» (son père, ouvrier maçon, parti travailler au Maroc, y meurt du typhus). Il vécut toute son enfance auprès de sa mère, blanchisseuse, et de sa grand-mère dans le misérable quartier espagnol d’Oran. Grâce à une bourse, il fait ses études au collège Ardaillon, jusqu’au Brevet d’enseignement primaire supérieur, puis, à partir de 1931, à l’École Normale d’instituteurs de Bouzaréa (Alger) où il fut le condisciple de Mouloud Feraoun de 1932 à 1934.
Il commence une carrière d’instituteur en Oranie, en particulier dans les montagnes de Béni Bahdel (près de Tlemcen, sujet de son roman Travail d’homme) puis dans diverses écoles du littoral (appel de la mer, voyages, Espagne et recherche de ses origines, thèmes de ses autres écrits). Très tôt, il commence à écrire des poèmes et des nouvelles dans divers journaux.
Après des études d’espagnol à la Faculté d’Alger, il se lance dans le théâtre sur les conseils de Camus, rencontré aux Vraies Richesses, la librairie que venait d’ouvrir à Alger, en 1936, Edmond Charlot.
D’un an plus âgé que lui, celui-ci deviendra vite son ami, son «frère de soleil», selon l’expression de Roblès dans son dernier ouvrage. C’est ainsi que, dans les premiers jours de 1956, Roblès et Camus organiseront ensemble, au sein du groupe des Libéraux d’Alger, le fameux «Appel à la Trêve civile».(…)
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