Rue des perplexes, roman
Ce roman, le temps et l’espace d’une journée, met en scène un homme assiégé par toute une ville. Dans ses efforts de comprendre les circonstances de son confinement dans un réduit et cette confrontation à la fois géante et inique, il passe en revue en urgence les choix, les indécisions et les traumatismes enfouis en lui, où il va puiser l’énergie pour faire face à l’épreuve qu’il traverse, pardessus toute son affection et sa fidélité partagée avec une chienne errante. Dans Rue des perplexes, la mémoire et l’imagination contrent la captivité et l’enfermement.
Rue des perplexes constitue la première partie d’un diptyque dont la seconde verra un changement de narrateur, soulevant la question du point de vue en littérature à propos des mêmes événements.
Quand on aborde la littérature algérienne, on ne peut passer sous silence tous les traumatismes causés par la colonisation française. 132 ans de colonisation ont conduit au déclin de la culture arabe et amazigh et la perte de l’identité algérienne. Aucun autre pays arabe n’a subi pareille domination étrangère pendant si longtemps.
Aujourd’hui encore, ce pays entre la Méditerranée et le Sahara recherche son identité, systématiquement oblitérée par le colonialisme. La langue française domine encore la littérature algérienne – c’est à peine si les auteurs écrivant dans la langue arabe sont remarqués à l’étranger. La langue tamazight fait grand usage de la langue française. 132 ans de colonisation ont laissé des traces ! Les écrivains algériens sont les accélérateurs de la redécouverte de soi par le retour aux sources historiques.
Et ce sont eux qui donnent des rêves et des visions d’un avenir digne. Esthétique de boucher de Mohamed Magani est un excellent exemple sur la période postcoloniale.
Les jeunes gens dans ce roman sont sans repères dans une société nouvelle, dans laquelle l’ordre ancien n’existe plus, tandis que le nouveau n’est pas encore en place. Esthétique de boucher d’éléments drôles et d modernes.
Publier la littérature algérienne en Allemagne
En ces temps de récession, d’une part, et de l’attrait pour les nouvelles technologies de l’information, d’autre part, publier la littérature algérienne de qualité en Allemagne pose un vrai défi, car lire un livre demande du temps et de la concentration : denrée rare aujourd’hui. Et même les journalistes ont tendance à écrire court et superficiel. De petites unités supplantent la recherche fouillée. Ainsi, la littérature d’une autre partie du monde rencontre des problèmes spécifiques. Le lecteur doit avoir des connaissances de la contrée étrangère, de son histoire et société. Les romans et nouvelles sont des sources d’informations bien supérieures sur un pays que le meilleur des guides de voyages. Publier des livres est une tâche très gratifiante, mais qui doit déboucher sur des marchés pour la littérature, sinon cela n’a pas de sens. En général, il est difficile de trouver des lecteurs pour chaque nouveau livre.
Tous les éditeurs se heurtent à la même difficulté : la fidélité à une maison d’édition tout simplement n’existe pas. Autrement dit : chaque nouveau produit, le livre, doit convaincre le client. Tout ce qu’un éditeur peut faire, c’est de se créer un profil, de sorte que le client sache plus ou moins à quoi s’attendre. A la différence de la France, et des pays méditerranéens comme l’Espagne et l’Italie, l’Allemagne ne partage pas d’histoire avec l’Afrique du Nord, d’où un intérêt moindre pour la région. Même les jeunes écrivains qui reçoivent des bourses et ont la chance de passer quelque temps dans la région du Maghreb souvent montrent si peu d’intérêt dans leurs écrits pour les pays, la société, la religion et les traditions. Et les touristes allemands en visite dans ces pays ne sont qu’à la poursuite du soleil, et rien d’autre ne les attire. Les étudiants ont si peu connaissance de l’histoire algérienne, c’est la raison pour laquelle j’insère des notes en bas de page dans des textes littéraires expliquant des abréviations, comme par exemple FLN. Un autre problème est la politique de l’éducation menée par les Germanistes en ce qui concerne la littérature. Elle ne se concentre souvent que sur la littérature allemande, avec au mieux un rapide coup d’œil sur la littérature européenne et américaine. La raison en est sans doute psychologique, les Allemands préfèrent s’identifier nettement aux USA qu’à un pays africain. En ce qui concerne le contenu des livres, le lecteur doit s’ouvrir à quelque chose qui n’est pas «occidental», qui veut dire arrogant, sûr de soi. Pour véhiculer de nouvelles idées, on a besoin d’éditeurs qui osent investir de nouveaux territoires. Les livres scientifiques et de littérature se livrent bataille pour capturer l’attention des lecteurs. Il est de plus en plus important de se tenir informé dans le travail qu’on fait, ce qui pousse le marché des manuels et des livres scientifiques vers la croissance, alors que celui de la littérature d’imagination se marginalise. La majorité des livres littéraires sont achetés par des femmes. Il est donc logique que les thèmes «féminins» dominent. Toutefois, il y a peu de livres traduits en allemand écrits par des femmes. La Société pour la littérature d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, à Francfort, a recensé 3 000 traductions, dont seulement 673 sont écrites par des femmes. Mais on ne peut ne pas remarquer sur la page d’accueil de la Société un lien pour la recherche de livres écrits uniquement par les femmes. Cela veut dire qu’il existe un besoin, ou plutôt un marché pour la littérature au féminin. Malheureusement, les livres véhiculent des clichés : femmes opprimées, portant le voile. L’image de la femme est si évidente, même sur la couverture, quand, par exemple, dans l’édition de poche du livre de Leila Houari, il y a une femme voilée sur la couverture, alors qu’il n’y rien de tout cela dans le texte !(…)
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