Un ouvrage collectif paru chez l’éditeur Domens, sis à Pézenas, regroupe un grand nombre de contributions en hommage au libraireéditeur Charlot sous le titre Rencontres autour d’Edmond Charlot1. Ces vingt-six contributions que nous ne pouvons pas toutes citer brossent un portrait de cet homme qui ne fut pas seulement libraire et éditeur, mais aussi médiateur culturel, diplomate, galeriste, et qui œuvra jusqu’à son dernier souffle pour être un trait d’union entre ses deux terres, l’Algérie et la France. Les divers textes rassemblés ici rendent justice à cet homme-pluriel qu’était Charlot et à son insatiable appétit d’amitiés et de découvertes culturelles (et non exclusivement littéraires). Parmi ceuxci, je me reporterai aux textes de quatre écrivains algériens/d’Algérie : Abdelkader Djemaï, Arezki Metref, Hamid Nacer-Khodja et Jean-Claude Xuereb qui évoquent avec une délicatesse très touchante l’homme Charlot et son ouverture aux autres. Les universitaires et spécialistes de l’aire méditerranéenne que sont Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, André Miquel, Guy Basset, Guy Dugas signent également des textes fort intéressants. Signalons enfin un hommage de l’éditeur Jean-Charles Domens lui-même qui accueillit Charlot et sa collection «Méditerranée vivante» lorsque celui-ci s’établit à Pézenas dans les années quatre-vingt, collection dans laquelle cet ouvrage est publié aujourd’hui. Le nom de Camus ne pouvait être absent de cet hommage polyphonique: Catherine Camus, fille d’Albert, fait fructifier l’héritage – immense – et l’origine. Le souvenir d’Edmond Charlot dans le petit ouvrage de Naget Khadda trouve belle résonance à partir de trois pairs, trois compagnons de traversée : le guide d’une génération, ce «frère de soleil», Albert Camus, français d’Algérie ; l’Algérien universel qu’était Mohammed Dib ; et le poète arabe du Xe siècle, Al Zubaïdi, placé en exergue de l’ouvrage. Naget Khadda signe avec Charlot, l’Homme Roi2, une évocation du passeur que fut Charlot empreinte de justesse et de sensibilité. Le titre, emprunté à une expression de Dib désignant ces hommes humbles, marginalisés, mais d’une profonde noblesse et porteurs d’une certaine vérité, témoigne d’une façon appropriée des idéaux incarnés par cet homme né à Alger en 1915, «Français exotique»3, créant la librairie «Les Vraies richesses», lieu d’échange, de rencontre, de création, bref d’émulation intellectuelle. Un lieu au service de la culture, et s’inscrivant résolument hors du temps.
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