Par Hamid Nacer-Khodja
Emmanuel Roblès (Oran Algérie, 4 mai 1914- Boulogne France 22 février 1995) est un « célèbre méconnu », selon la formule consacrée. Cette méconnaissance demeure injuste et injustifiée car l’écrivain dispose d’une œuvre féconde (près de quarante titres tous genres confondus) et a à son actif une action louable pour de nombreux auteurs algériens, voire maghrébins sinon méditerranéens, qui ont été publiés ou révélés dans la célèbre collection Méditerranée qu’il dirigea aux éditions du Seuil de 1950 à sa mort. Nul mieux que Guy Dugas ne pouvait mener le lecteur à la rencontre d’un écrivain polygraphe (romancier, dramaturge, nouvelliste, essayiste et, plus inattendu, poète) doublé d’un homme fidèle en amitié. Ce professeur de littérature de l’Université de Montpellier III, ami de Roblès, dirige le fonds Emmanuel
Roblès-Patrimoine Méditerranée qu’il fonda au sein de cet établissement en 1996. Aussi, est-il légitime qu’il écrive un livre introductif, « Emmanuel Roblès, Une œuvre, une action » puis le publie en Algérie car l’itinéraire de Roblès est méritoire et se justifie d’être connu du lecteur algérien.
Dans son essai structuré en cinq parties, Dugas qui se veut pédagogue donne à lire au préalable des éléments biographiques. Celles-ci conditionnent les actions et œuvres futures d’un fils de pauvre ayant été toute sa vie attentif à la misère humaine et aimé tôt le voyage, c’est-à-dire la découverte de l’autre espace et de ses hommes. Roblès devient impérativement un humaniste, un terme peut-être galvaudé dans ce monde aseptisé d’idées folles mais ayant encore une acception dans son œuvre-vie, l’une étant la sœur jumelle de l’autre tant elles sont toutes deux nourricières. C’est ainsi que dans le second chapitre, il est distingué deux volets de la vie de l’homme Roblès : une action sociale et politique et une autre littéraire et éditoriale. De condition modeste, l’homme ne pouvait être que de gauche, solidaire de sa classe et en faveur des plus démunis, des laissés pour compte, des sans voix, et ce des deux principales communautés de l’Algérie coloniale. Discret, à la limite de l’effacement connu ou perçu de quelques initiés, Roblès fut un homme engagé non pas publiquement dans le fracas des déclarations, mais souterrainement pourrions-nous souligner et non moins efficacement. Dugas cite quelques exemples de solidarité de celui qui n’a cessé d’intervenir pour ses amis ou des inconnus au point d’être estimé par toutes les forces en présence, notamment lors de la guerre d’Algérie (…)
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