«Je n’ai pas pour habitude de parler à la légère. En vingt-sept années de prison, j’ai appris grâce au silence et à la solitude que les mots sont précieux et que le discours a un impact bien réel sur la manière dont les gens vivent et meurent»
Le choix rédactionnel de cette édition de L’ivrEscQ est de rendre hommage à Nelson Rolihlahla Mandela, (prix Nobel de la Paix) en présentant ses citations authentifiées de plus de soixante ans de réflexion extraites de Pensées pour moi-même, en biaisant la plupart de la presse du monde qui, elle, a ressorti principalement son combat. Fidèles à notre ligne éditoriale qui prône l’écrit, nous publions ses paroles. N’a-t-il pas écrit dans sa lettre à Zindzi Mandela : «Un stylo peut transformer une tragédie en espoir et en victoire.» Le mot, l’écrit, le livre, le savoir, le discours, la sagesse, l’humanisme, l’aura de l’être pensant… pour quel mot sommes-nous engagés ? Ou encore par quel mot lumineux la vérité se révèle-t-elle ?
Un court extrait du livre Un long chemin vers la liberté pour ouvrir une lucarne sur l’engagement de cet immense homme au prix de sa vie, au prix de sa liberté. Lui, qui fut banni à partir de 1952, n’a jamais été prophète, ni politicard ; mais ses années de vie ont été au nom d’un idéal de vingt-sept ans de bagne où il s’était enlisé dans toutes les injustices flirtant avec le dard de la mort.
Le dossier de ce numéro de L’ivrEscQ est le centenaire de la naissance de Roblès. Cet écrivain français d’origine espagnole, (né de surcroît à Oran), et surtout pluriel par sa facette méditerranéenne a révélé des talents bien de chez nous : Mouloud Feraoun, Mohammed Dib, Tahar Djaout…
Il nous fait part de la genèse de la littérature nord-africaine de la génération 1952 et de la génération post-indépendante par la collection «Méditerranée». Il a rencontré nos écrivains qui portent les stigmates d’un temps. On ne peut pas évoquer Emmanuel Roblès sans évoquer Mouloud Feraoun, son aîné d’un an, puisque nous avions consacré tout un numéro de L’ivrEscQ autour du centenaire de sa naissance. Tous deux resteront très liés. Ou encore, Albert Camus, son autre aîné d’un an, binôme ponctuant par leurs écrits cette absence du père.
C’est très intéressant de comprendre le bouillonnement culturel/littéraire qui animait ces écrivains de la même génération marquée par une période difficile en notre terre, l’Algérie.
Aujourd’hui, c’est si lointain ce temps des écrivains d’antan, mais les œuvres universelles des uns et des autres, nous passionnent.
La littérature du monde nous concerne, mais la littérature «made in Algeria», nous concerne encore plus et nous manque en cette année 2014. Qu’aurait écrit un Feraoun ? Un Dib ? Un Mammeri ? Une Debèche ? Etc. Une ère prometteuse ? Ou ténébreuse ? Nous croirons aux livres. Livres témoins d’une époque. Témoins d’un monde en soubresauts.
De l’hommage d’un immense Mandela à la commémoration du centenaire de la naissance de Roblès, nous ressortons avec cette impression d’avoir plongé dans un océan de talent… un talent revendiquant sa place dans cet univers qui s’appelle le monde des êtres pensants !
n.sebkhi@livrescq.com
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