L’ivrEscQ : Quand vous est venue l’envie d’écrire et pourquoi ?
Fatéma Bakhaï : Quand ? Sans doute depuis mon plus jeune âge, dès que j’ai su maîtriser plus ou moins l’écriture, mais cette envie de raconter des histoires ne s’est vraiment concrétisée que très tard. J’avais dans la vie d’autres priorités, me semblait-il. Comment ? Je n’ai jamais pu répondre à cette question ! Je suis une lectrice insatiable et sans doute mes lectures m’ont influencée. Un jour, j’ai acheté une rame de papier et j’ai commencé à écrire La Scaléra. Je l’ai écrite presque d’un seul trait, cela ne m’a pas pris plus de trois mois mais, sincèrement, je ne pensais pas à la publication. Ce n’est que bien après que des personnes, en qui j’avais confiance, m’ont encouragée à le faire. La Scaléra a été publié en France dans une maison d’édition qui publie, mais qui ne se préoccupe pas de la promotion. J’ai tout de même reçu pour ce livre une mention spéciale du jury de la fondation Abba. L’Algérie entrait dans sa période douloureuse… Je n’ai, depuis, jamais cessé d’écrire : des romans, des contes, des contributions diverses. Pourquoi ? Il est difficile aussi de répondre à cette question ! Le plaisir d’écrire ! Le besoin de communiquer ! De dire des choses de manière détournée ? Chacun de nous éprouve le besoin de s’exprimer et chacun le fait à sa façon, de la manière la plus fruste jusqu’à l’art élaboré… Pour ma part, j’ai toujours été passionnée par les sciences humaines et par l’histoire en particulier. J’appartiens à une génération qui n’a pas étudié l’histoire de son propre pays, ni au primaire ni au lycée. Cela a été pour moi, longtemps, une frustration. Toutefois, je voulais savoir qui étaient mes ancêtres, comment ils avaient vécu, ce qu’ils avaient vécu. Il faut connaître le passé pour comprendre le présent ! J’ai beaucoup lu sur cette histoire millénaire. C’était aussi difficile qu’exaltant, mais la satisfaction était immense ! C’est, au fond, ce que j’ai voulu partager. Les Algériens, sauf de rares exceptions, ne connaissent pas leur histoire. Elle est très mal enseignée et rebute les élèves qui se contentent d’apprendre par coeur sans comprendre ni retenir. C’est affligeant ! Je ne suis pas historienne, mais j’ai voulu raconter notre histoire, au moins en donner un aperçu dans ses grandes lignes, évoquer ces personnages dont on entend parler sans pouvoir les situer, et il m’a semblé que le faire de manière romancée était la meilleure façon de rendre cette histoire accessible.
Suite de l’entretien dans la version papier
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