Regard d’une jeune marocaine, Malika, au temps du Protectorat français.
Deux grands thèmes structurent ce roman : l’amour de l’héroïne pour sa ville natale et un désir intense de savoir. Elle dit elle-même : « J’étais une Fassia qui a avec sa ville natale, des liens privilégiés ». Ce qui frappe surtout, c’est une héroïne qui cherche à comprendre le monde dans lequel elle évolue. Récit méticuleux qui vous entraîne dans une ambivalence culturelle perçue par une jeune fille intelligente qui a pris conscience très tôt des paradoxes de sa société. Avec beaucoup d’humour, Latifa Zeghari nous fait entrer dans un monde conservateur qui confond modernité avec permissivité. C’est grâce à son père, à qui Malika voue un véritable culte, qu’elle a pu poursuivre des études. Le père est omniprésent : autodidacte, fervent opposant à la politique du protectorat, homme de principes. Et surtout, père protecteur qui ne cesse de mettre en garde sa fille, il est conscient des dangers.
Constamment, il met l’accent sur le patrimoine, l’importance des traditions, et pourtant, il n’a aucune crainte, car il est sûr que sa fille, grâce à une solide éducation ne risque rien : à travers un récit plein de vie et d’humour, Latifa Zeghari tisse discrètement l’arrière plan historique. Malika veut réussir mais comment concilier rébellion et soumission ? Une oeuvre à découvrir dont voici un extrait : « Ma chère enfant, me disait-il, le meilleur combat est celui que tu mènes. Pense à l’état lamentable de la femme marocaine…Un régime politique n’est que l’expression d’un état général des habitants du pays…Car nous n’avons qu’un pays à l’image de ce que nous serons nous-mêmes…la volonté de nous libérer…alors personne à ce moment là ne nous marchanderait nos droits. »
Ce que raconte Latifa Zeghari, c’est aussi notre histoire à toutes, avec ses tabous, ses non-dits et le désir profond de vouloir le changement d’une société très conservatrice.
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