Le temps des revues culturelles, voire littéraires, objet d’une brève présentation retenue ici pour celles de langue française, a été quasi permanent en Algérie depuis l’Indépendance. Il a suivi les grandes mutations et métamorphoses – principalement idéologiques – du pays. Dans l’attente de l’élaboration d’une étude plus exhaustive, retenons quelques jalons sur des publications culturelles généralistes parues plus ou moins régulièrement. La première publication est tout un programme. Intitulée Novembre, sous-titrée Revue culturelle algérienne, présentée par le président de la République Ahmed Ben Bella (n° 1, avril-mai 1964; n° 4 et dernier, mars-avril 1965), elle donne à lire des textes très engagés dans l’idéologie postrévolutionnaire d’un État-pays-parti FLN construisant le «socialisme autogestionnaire» pour un «homme nouveau» rêvé par Frantz Fanon et… la Chartre d’Alger, d’avril 1964. Illustré par des artistes algériens (Mohamed Aksouh, Mohamed Bouzid, Mohamed Khadda, Denis Martinez, Bachir Yel¬lès), on retrouve dans cette optique des écrits inédits d’anciens auteurs (Djamel Amrani, Mourad Bour¬boune, Assia Djebar, Anna Greki, Malek Haddad, Bachir Hadj-Ali, Jean Sénac) et des débutants (Rachid Boudjedra, Ahmed Azeggagh, Mustapha Toumi, etc.).
Deux revues universitaires lui succèdent, toutes deux émanant de la Faculté des lettres d’Alger, alors la seule en Algérie : Les Cahiers algériens de littérature comparée et La Revue algérienne des lettres et sciences humaines.
Annuelle (n°1, 1966 ; n° 3 et dernier, 1968), publiée sous la direction de Jamel-Eddine Bencheikh, la première publication fut de grande qualité, sur tous les plans (présentation matérielle, études d’un haut niveau scientifique, etc.), au point d’être saluée par l’éminent comparatiste René Etiemble. Quant à la seconde, elle n’a connu qu’une seule livraison (n° 1, 1969), de bon contenu mais d’une médiocre mise en page. La seule revue exclusivement de création littéraire est Promesses (n° 1, avril 1969 ; n° 19 et dernier, janvier-février 1974). Éditée par le ministère de l’Information, elle fut dirigée par Malek Haddad. Outre des textes en prose ou de la poésie (y dominent le réalisme socialiste ou la guerre de libération nationale, mais des débutants prometteurs comme Tahar Djaout, Rachid Mimouni et Djamel Imaziten y exercent leurs jeunes plumes), elle publia aussi d’importants (et précieux !) numéraux spéciaux dont l’Emir Abdelkader (réédité en 1983 à l’occasion du centenaire de sa mort) et Ibn Badis.
Si Promesses (avec sa consœur en langue arabe Al Amal) a dominé la première moitié de la décennie 1970, il faudrait attendre les années 1980, avec un assouplissement progressif de la politique culturelle nationale, pour qu’apparaissent d’audacieux périodiques. Des milieux universitaires, désargentés, se lancent dans des publications fort louables mais artisanales (polycopiés). A Oran, il convient de signaler Voix multiples, une livraison polycopiée (n°1, décembre 1980 ; n° 10 et dernier, 1985) dirigée par Abdelkader Djeghloul.(…)
Il n'ya pas de réponses pour le moment.
Laissez un commentaire