La Revue TERRASSES
(1952-1953)
Tous les historiens de l’Algérie, d’hier à aujourd’hui et quelles que soient leurs nationalités, s’accordent à écrire que le début des années 1950 constitue l’ultime étape à des mutations brutales sur tous les fronts. Qu’en est-il en littérature ? On sait aujourd’hui qu’à partir de 1952 débutèrent les romanciers Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, au point qu’Albert Memmi, leur premier exégète et historien, les a regroupé en la fameuse «génération de 1952» que, plus tard (1961), Henri Kréa requalifiera de «génération de 1952», avec toute la forte connotation de cette date. A côté de cette littérature «autochtone» existe aussi celle des Français d’Algérie autour du charismatique Albert Camus (Émmanuel Roblès, Jules Roy, etc.). Cependant, tous les auteurs suscités sont dénommés, pour la première fois en 1952, «écrivains algériens» par Gabriel Audisio (1900-1978), leur père putatif ou parangon à presque tous. D’évidence, il s’agit d’une algérianité littéraire, non encore politique.
C’est dans cette historicité que Jean Sénac (1926-1973) envisagea, sur une part d’héritage de son oncle, le lancement de sa revue Terrasses. Celle-ci voulait rassembler tous les auteurs et peintres d’Algérie, au-delà de toute distinction communautariste ethnique ou religieuse alors en vigueur dans le pays. Nous présentons ici un document inédit, l’éditorial de la publication, signé essentiellement le 21 décembre 1952, outre le directeur Sénac, par les membres du comité de rédaction (les écrivains Maurice-Robert Bataille, Mohamed Dib, Jacques Lévy, Mouloud Mammeri, Jean-Pierre Millecam, Jean Rime, les artistes-peintres Sauveur Galliéro, Jean de Maisonseul et Louis Nallard ; le producteur de Radio-Algérie José Pivin ; une femme, Aïcha Nekoud) et d’autres (Albert Camus qui parraine Terrasses, Mouloud Feraoun et Kateb Yacine).
Terrasses n’a connu qu’une seule livraison datée de juin 1952. Ce numéro unique, regroupant des écrivains célèbres ou émergents, presque tous d’Algérie, a été unanimement salué de par la qualité et la force des textes. Albert Camus déclara à maintes reprises dans sa correspondance avec Sénac qu’il est «vraiment satisfaisant».(…)
Hamid Nacer Khoudja
Il n'ya pas de réponses pour le moment.
Laissez un commentaire