En Algérie, et bien que n’étant pas une figure familière dans l’imaginaire collectif, on connait Jean Amrouche le poète : ses deux poèmes pro-indépendantistes Ebauche d’un chant de guerre et Le Combat algérien figurent dans les manuels scolaires et de nombreuses anthologies. On a apprécié progressivement un écrivain presque polygraphe : poète dégagé-engagé, critique littéraire avisé, homme de radio avant-gardiste, journaliste sur tous les fronts, épistolier racé (Réjane Le Baut, Jean El-Mouhoub Amrouche, Mythe et réalité, 2005). On a découvert récemment un auteur maniant l’écriture de soi et le discours réel (Journal, Alger, Alpha édition, 2010, édition de Tassadit Yacine).Voici que cette dernière nous offre, avec Le Retour de Jugurtha, Amrouche dans la lutte : Du racisme de la colonisation, (Alger, Passerelles Editions, 2012) une étude sur un penseur politique dominé par une seule fidélité : l’Algérie sous domination coloniale.
On sait l’intérêt renouvelé de Tassadit Yacine pour Jean Amrouche. Aussi, est-il légitime qu’elle rassemble ses écrits (introductions, présentations, divers) disséminés dans des publications difficiles d’accès pour le lectorat algérien. Elle donne ainsi à connaître une pensée politique d’un homme-action qui ne fut pas que producteur d’idées pro–indépendantistes, c’est-à-dire de circonstances. Pour ce faire, Mme Yacine établit des passerelles entre pensée théorique et réflexion partisane, la première étant par essence investie par la raison, la seconde habitée par la Passion, au sens christique du terme. Ce regard double est illuminé par la figure de Jugurtha tant au niveau du monde réel (émancipation politique et culturelle) que sur le plan de la double appartenance de Jean Amrouche (la très chrétienne dichotomie « France, esprit de mon âme, Algérie, âme de mon esprit » pour un croyant qu’il ne cessera d’être « l’Arche »).
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