L’ivrEscQ : Pourquoi ce titre Des ballerines de Papicha?
Kaouther Adimi : Mouna est une petite fille, une papicha (un mot qui a tout son sens à Alger, ville du roman) qui tente de comprendre le monde compliqué qui l’entoure. Elle décide donc de ne pas se soucier, de courir, de chanter, de danser et de rêver. Quant à la maîtresse, l’école, le monde, elle s’en soucie peu. Elle est trop préoccupée par la couleur de ses ballerines. Mouna est magnifiquement superficielle et gamine! Laissons aux enfants le droit d’être innocents! Il me semblait important de fixer l’attention du lecteur sur le personnage de Mouna car celui-ci représente finalement notre espoir : c’est la nouvelle génération qui grandit sans avoir connu le colonialisme et le terrorisme.
L. : Comment est venu le déclic de l’écriture et pourquoi ce besoin d’écrire ?
K. A. : A l’origine, il y avait sûrement le plaisir de la création et celui des mots. Le besoin est venu sans doute par la lecture et l’admiration pour certains auteurs. J’avais aussi ce besoin de dire et l’envie de partager… Ensuite, il y a eu la volonté de dénoncer, d’éjecter, de crier. En définitive, c’est un besoin de création et une envie de partager, un désir de révéler.
L. : Vous vivez en France, mais votre roman parle du vécu algérien…
K. A. : Je vis en France depuis deux ans, et je viens de terminer mon master de lettres modernes. Avant cela j’étais en Algérie. On n’oublie pas son pays en 24 mois, mais je n’en fais pas une fixation pour autant, car mon rapport avec l’Algérie n’est pas problématique. Simplement, à un moment donné, mon
pays a fait partie de mon imaginaire. Il en fera sûrement toujours partie. Peu importe. Ce n’est pas le plus important. L’important, c’est le genre humain, c’est notre humanité à tous… ou notre absence d’humanité.
L. : Vous avez déjà été primée…
K.A. : En 2006, j’ai aperçu une affiche annonçant un concours de nouvelles le Prix du Jeune Ecrivain. J’ai écrit Le chuchotement des anges, je l’ai envoyé et je n’y ai plus pensé. Quelques mois plus tard, je recevais un email m’annonçant que je faisais partie des finalistes. Je suis donc allée à Toulouse pour la remise des prix où j’ai rencontré les autres lauréats, mais aussi des écrivains. J’ai aussi pu bénéficier d’un atelier d’écriture et de conseils avisés de la part d’écrivains bienveillants. Les nouvelles des lauréats furent publiées l’année suivante et nous nous retrouvâmes au salon du livre de Paris en mars 2007. J’ai continué, pour ma part à écrire. En 2008, le FELIV, qui
en était à sa première édition, m’a décerné le premier Prix de la nouvelle en langue française pour Sur la tête du bon Dieu. Cette année était l’année de mon diplôme de licence de langue française et l’année de mon départ pour Paris. Ce fut aussi l’année où j’ai commencé à travailler sur un roman.
L. : Que ressentez-vous quand vous revisitez les personnages de votre récit ?
K.A. : Il faut comprendre qu’entre le moment de l’écriture d’un roman et celui de sa publication plusieurs mois s’écoulent. J’ai du mal aujourd’hui à y revenir car j’essaie d’écrire autre chose. Pour ce qui est de mes personnages, j’ai une profonde affection pour eux. Ils m’ont accompagnée pendant plusieurs mois et ont grandi en ma compagnie et les voilà aujourd’hui indépendants, prêts à aller à la rencontre de leurs lecteurs.
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