L’odyssée de l’âme
Et un homme dit : « parle-nous de la connaissance de soi»
Et il répondit, en disant
Votre coeur connait en silence les secrets des jours et des nuits.
Mais vos oreilles ont soif d’entendre la résonnance de cette connaissance enfouie dans votre coeur.
Vous voudriez connaitre en paroles ce que vous avez toujours connu en pensée.
Vous aimeriez toucher du doigt le corps nu de vos rêves.
Et c’est bien qu’il en soit ainsi.
Avec la douceur de ses vers, Gibran illumine l’homme en lui disant : Toi, l’enchanteur et l’enchanté, tu voudrais tant confesser ton coeur pour cerner sa splendeur, presser les vignes des brumes épaisses pour étancher la soif de la sagesse.
Toi, le conquéreur et le conquis, tu voudrais tant hanter ton esprit pour t’exorciser, boire la sève de tes rêves pour t’enivrer, toucher la chaire de ta pensée pour t’extasier.
Gibran demeure magnifié par sa clairvoyance prophétique et dit : Toi, l’orienteur et l’orienté, tu aimerais tellement abréger la vie pour assiéger l’étendue de ton cri, accoupler la brillance pour canaliser ta quintessence.
Toi, l’éclaireur et l’éclairé, tu aimerais tellement corrompre les étoiles pour divulguer le secret de la nuit, réchauffer le soleil pour démêler le jour.
La source cachée de votre âme doit fuser pour ruisseler en murmurant vers la mer ;
Et les trésors de vos infinies profondeurs pourraient dés lors étinceler dans votre regard.
Gibran réordonne les désordres de l’harmonie quand il dit : ô toi l’homme qui incarne avec élégance, par delà tes profondeurs boisées de tous les arbres du savoir, des nuits noires façonnées de vérités, par delà ton essence qui éclaircit le monde par sa luminescence, par delà ton regard, il y a toi qui se noie dans une divine joie qu’on appelle la foi.
Mais ce n’est point avec une balance que vous pouvez estimer votre trésor inconnu ;
Et ce n’est ni avec une perche ou une sonde que vous parviendrez à explorer le fond de votre connaissance.
Car le moi est une mer sans limite et sans mesure.
Tel un berger des destins désorientés, Gibran accroit le ton d’une voix qui voit, qui croit, qui crie : Va vers toi, toi qui prétends être un brin d’éclair, alors qu’en toi se résume tout l’univers. Toi l’héritier des prophètes. Tu es plus chaste que le verbe des esthètes, plus vaste que les métaphores des poètes. Toi l’accoucheur des âmes, nul ne décèlera ta flamme. Toi l’alchimiste des laideurs nul ne mesurera ton savoir, nul ne détiendra ton pouvoir. Tu es inédit comme la vie qui te dit : merci d’être toi.
Ne dites pas : « j’ai trouvé la vérité », mais plutôt : « j’ai trouvé une vérité ».
Ne dites pas : « j’ai trouvé le chemin de l’âme ».dites plutôt : « j’ai trouvé l’âme marchant sur mon chemin .
Car l’âme passe par tous les chemins.
L’âme ne suit pas une seule voie, ni ne croit comme un roseau.
L’âme se déploie plutôt, tel un lotus aux innombrables pétales.
Avec la sainteté des sages illuminés, avec la majesté des visionnaires ensoleillés, Gibran réinvente la vie de l’homme et dit : Pour discerner cette vérité plaintive qui plane sur ta route si sourde, tu dois arpenter tant de soupirs, tant de désirs, tant de délires car ta vérité est traitresse, telle une ombre fugace, elle s’efface au seuil des impasses. Pour conquérir cette âme passagère et prisonnière qui glane sur ta marche si lourde tu dois sillonner tant de cartes, tant de lois, tant de doigts. Elle est tout ce que tu es, tout ce que tu ne seras jamais. Ardente d’incandescence, elle se propage sur toutes les voies de l’existence c’est une fleur aux multiples couleurs, si tu captes son odeur elle fleurira dans l’océan de ton coeur. C’est une note qu’on pianote sur une feuille morte quand les sens tremblotent et chevrotent. Assagie par la maturité de sa prophétie Gibran poursuit : Trouver une lumière n’est pas le bout du tunnel. Alors si tu libères ton âme que tu enterres sous des barreaux d’air, tu trouveras l’âme et tu apprendras à voler, si tu pardonnes aux roses leurs morsures, tu trouveras la rose et tu apprendras à aimer. Si tu arrives à surpasser ton chemin épuisé, tu trouveras le chemin, et tu apprendras à marcher. Si tu sais frapper aux maisons sans portes, tu trouveras la porte. Si tu arrives à gouter la faim, tu trouveras le pain. Si tu sais t’écouter, tu trouveras enfin ta liberté, ta vérité
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