L’exil fécond et le retour gagnant… !
La réglisse de mon enfance est la première œuvre littéraire de Djamila Abdelli-Labiod. Sur fond autobiographique, l’ouvrage traite ces récurrents problèmes de la double culture propre à ces gens nés ou vivant sur le rivage opposé à leur continent et pays d’origine. Bien souvent, leur retour précoce ou à un âge assez avancé ne fait malheureusement que compliquer davantage cette donne de la «double culture». Le roman de Djamila Abdelli-Labiod intitulé La Réglisse de mon enfance en retrace l’essentiel de la question posée et du problème pour l’occasion évoqué, en quête de ces solutions parfois impossibles à accrocher. Guidés souvent par le seul amour filial, ces jeunes expatriés reviennent souvent sur la terre de leurs aïeux, avec ou sans la compagnie de leurs parents ou le reste de leur famille. Ils y échouent tels ces vrais colis postaux, atteignant de droit leurs uniques destinataires, connaissant bien souvent l’échec dans leur entreprise, sous toutes ses formes et nombreux aspects. Il leur manquera forcément toujours l’essentiel de leur culture : l’autre partie de soi-même, en l’occurrence, impossible à être recouvrée pleinement en un seul lieu ou territoire géographique, devenant alors, de fait ou par déduction, eux-mêmes ce vrai problème autant pour leur propre famille que pour les deux pays considérés : celui d’origine ou celui d’adoption. Ainsi, Lina, l’héroïne du roman, est transposée manu militari, au fait même de son adolescence et décisive période de construction de sa personnalité, dans le pays de ses origines, abandonnant pour ce faire les facilités et autres privilèges propres à la grande ville, les lucres, le luxe et lustres de ce charmant et lumineux univers, atterrissant de droit, de gré ou de force, au fin fond de ce hameau algérien coincé dans son développement et perdu dans son immense et aride territoire.
Commence alors ce véritable calvaire de ce voyage ininterrompu dans l’histoire ou le passé récent de la jeune fille algérienne, un peu mal à l’aise dans sa nouvelle situation et peu enviable condition, au cœur même de cette perdue contrée d’où elle puise pourtant toutes ses ancestrales racines et ses pures origines et autres merveilleuses traditions. Pour la jeune Algérienne, il est question de reconstruire sa vie, de réinventer au plus vite son espace et son monde légitime, de penser rapidement à sa nouvelle trajectoire…
Dans ce mélange savamment orchestré entre amour vital, nécessaire liberté et autres nobles qualités humaines, l’auteur tisse sa trame et ses nombreuses intrigues de son roman à l’effet d’emporter au plus loin dans son imagination et son rêve le lecteur attentionné par la qualité de son verbe juste, de son style alerte et de son inspiration la plus profonde et mieux féconde.
Comme la plupart des romans, l’ouvrage décolle d’une image bien réelle pour la propulser au plus lointain univers où pouvait bien le mener la fiction et ses décors, donnant de la dimension à son texte, paré de ses nombreux contours et solides atours. Dans son intéressant «produit littéraire», fruit de plusieurs années de dur labeur, l’auteur pose avec acuité cette sempiternelle équation de la personnalité de l’être humain, pris en sandwich entre l’impératif culturel et le facteur géographique lié à son existence et sa mouvance. Le distinguo est malheureusement parfois très difficile à faire, d’où souvent l’absence de toute solution à ce «calvaire errant de ces hères» parmi ces toutes jeunes populations dont Lina symbolise parfaitement ou prend à bras-le-corps leur combat et constitue, par ailleurs, cette victime toute indiquée de l’autre combat que mènent leurs parents sur un autre plan afin de les rapatrier à la maison – les ramener à la raison -, les réintégrer à leur pays d’origine, leur faire aimer leur seule patrie, leur recouvrer ces valeurs authentiques, universelles et originelles véhiculées au travers de leur religion, de leur ancestrale culture et autres traditions, des plus sûres et des plus anciennes… De retour de ce voyage littéraire, l’espace de la lecture de ce roman, on a comme cette impression qui nous traverse l’esprit que c’est parfois tout ce monde qui est à refaire. A réinventer… Peut-être que cette réglisse n’a plus le goût du pays… !
L’ivrEscQ : La réglisse de mon enfance est donc votre premier ouvrage littéraire, sur quoi vous êtes-vous inspirée pour le réaliser ?
Djamila Abdelli-Labiod : Oui, c’est mon premier enfantement dans le domaine de la littérature. Il a été écrit en deux temps, sur un fond purement autobiographique. Au départ, je voulais écrire juste une nouvelle, et puis après, c’est sur conseil d’un internaute que mon ouvrage a été recomposé et augmenté, prenant l’allure d’un vrai roman.
L. : Comment s’est faite votre expérience sur l’édition ?
D.A-L. : Là, écoutez, la chose n’a pas été facile comme beaucoup de lecteurs semblent bien le croire. C’était un véritable parcours du combattant. J’ai dû attendre de 2001 jusqu’à juin 2011 pour le voir enfin publié, connaissant au passage trois éditeurs, trois contrats en bonne et due forme dont deux ont finalement été résiliés pour différentes raisons. A vrai dire, c’est une âme charitable, rencontrée dans une librairie, qui a volé à mon secours. Un auteur, pour être plus précise, que je remercie au passage pour le concours précieux qu’il m’a apporté.
L. : Venons-en maintenant L. au message transmis à travers la lecture de votre ouvrage.
D. A-L. : Mon roman traite du phénomène de la «double culture». Il a été écrit, entre autres, afin de relancer le débat sur cette même question. Il situe l’évolution féminine et titille au passage la conscience masculine. Il parle surtout de l’évolution de l’esprit de l’être humain dans son quotidien, dans son combat pour la vie, contre tous ces nombreux écueils qui lui font parfois écran quant à la cible à atteindre(…)
Bendaoued S.
Suite de l’article dans la version papier
abonnez-vous à L’ivrEscQ
Une Réponse pour cet article
jE souhaiterais me procurer ce livre écrit par ma demie tante, je ne sais si elle connait mon existante mais je sais qu’elle connait mon père, son demi-frère.
Merci de me dire comment je pourrais avoir cet ouvrage que j’aimerais tant lire…
Delphine une de ces femmes aux deux cultures
Laissez un commentaire