Professeure de langue et écrivaine, Leïla Hamoutene a publié en 2014 aux éditions Casbah, son dernier roman, Le châle de Zeineb. Sa première œuvre, Abîme, est un recueil de nouvelles publié à l’ENAG en 1992, suivi du roman Sang et jasmin (Editions Marsa, 2001). En 2002, elle publie un recueil de poèmes, Enfantant algérien, ainsi que des nouvelles rassemblées sous le titre Le Sablier (ANEP). En 2012, elle écrit pour la jeunesse un roman, Sami et la planète bleue (Lazhari Labter Editions). Leïla Hamoutene est également animatrice d’ateliers d’écriture en direction de la jeunesse.
A travers son dernier le roman Le châle de Zeineb, Leïla Hamoutene revisite le temps et évoque l’histoire de son pays, l’Algérie. Par des références historiques, mêlant fiction et réalité, des femmes ont fait la guerre ou, du moins, ont subi la guerre de la période coloniale à celle post-indépendance.
L’ivrEscQ : Votre livre Le châle de Zeineb est une saignée noire de pathos, écrit avec une élégante douceur. Le désespoir est à son paroxysme à ce moment-là dans le roman, qu’est-ce qui vous a inspiré et quelles ont été vos motivations pour ce pan de notre Histoire essentiel à notre mémoire dans votre roman ? Autrement dit, on a l’impression que vous avez creusé dans le puits du supplice, les enfumades, si je puis me permettre…Pour baigner dans votre ouvrage, je vous cite (page 22) : «Toute la nuit, le vent ne cessera de hurler après nous, esprit vengeur venu nous châtier d’avoir toléré la profanation de nos demeures, l’abandon de nos génies protecteurs.»
Leïla Hamoutene : J’ai, pendant longtemps, supposé qu’il suffisait d’agir, de vivre pour apaiser ce manque, cette faille que j’ai toujours sentie en moi, cette difficulté à me définir parmi les miens. Le malaise s’est accentué avec le temps, j’ai senti le besoin de me retourner vers le passé, c’est-à-dire vers ce pan de notre Histoire qui me semblait recéler le plus de douleur…
L. : Vous décrivez une prose de l’horreur que vous n’avez pas vue, et pourtant, nous en sommes vraiment les spectateurs incrédules et bouleversés : «Des corps s’abattent, d’autres chancellent et s’abîment sur les rochers. Des cris. Des hommes s’interpellent dans une langue que je ne comprends pas. Des chevaux hennissent. Des femmes hurlent à mort. Pourquoi sommes-nous si vite en enfer ? Suis-je morte ? Une main ferme agrippe la mienne, une voix. Cours Zeineb, cours !»
Ce passage a-t-il été difficile à écrire ?
L. H. : Oui. Il s’agit de la douleur d’une enfant de sept ans qui vient de quitter la quiétude et la chaleur de son foyer pour se retrouver au cœur du danger, de l’horreur, elle a peur. Peur de la férocité de ces hommes, peur de leur sauvagerie dans ce tumulte : cris des victimes, choc des corps qui s’abattent. L’enfer !(…)
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