Avec Les Piliers de la terre, une grande saga historique, K . Follett endosse l’habit de l’historien. Un jeune homme est pendu, pour un délit étrange. A l’heure de sa mort, une toute jeune fille dans la foule maudit le chevalier, le prêtre et le moine qui ont conduit l’homme au gibet. Voilà le point de départ d’aventures épiques au XIIème siècle, en Angleterre, où un chevalier plus cruel que nature s’oppose à un moine chaste et bon, aidé d’un maître maçon visionnaire, où un évêque sans scrupules manipule ses hommes.
Dans ce récit médiéval, plusieurs péripéties se croisent et se décroisent dans un navire sombrant entre la France et l’Angleterre et où évoluent les trois personnages importants du roman . D’autres personnages viendront se mêler dans cette fresque de dimension historique, avec leurs traits de caractères respectifs, leurs sentiments envers les autres.
La cathédrale, autour de laquelle évoluent les personnages, est un symbole de beauté et la manifestation de la piété, de la spiritualité ; moyen de rendre grâces à Dieu et protéger les Chrétiens, mais aussi une façon d’attirer les marchands, d’enrichir la cité et de se hisser dans la hiérarchie du pouvoir… Des rebondissements incroyables se succèdent, avec une description de la vie quotidienne chez les humbles, les artisans, les monastères, et surtout, le jeu du pouvoir et de l’argent… On y trouve de l’amour, de la violence, de la famine, de la guerre, des épidémies. Les détails sont fort nombreux ; ils sont toutefois instructifs et intéressants, en particulier en architecture, le passage du style roman au style ogival.
A travers cette fresque historique, car le lecteur pénètre dans l’univers des grands seigneurs, des serfs, des moines, de l’Église toute puissante et de la construction des cathédrales, Ken Follet captive par la description des personnages, et du décor. Il réussit à peindre l’environnement, les traditions, les vêtements, les us et coutumes et les sentiments des personnages. Des artisans aux puissants du Royaume et de l’Eglise, l’auteur fait vivre chacun d’entre eux et parvient à croiser leur destin personnel autour de cette fameuse cathédrale qui est la clef de voûte de tout le roman. Chaque personnage s’insère en harmonie dans la trame de l’intrigue et il n’y a plus qu’à se laisser porter jusqu’au bout en savourant une bonne et belle histoire, car l’auteur fait baigner le lecteur dans cette atmosphère moyenâgeuse où se côtoient maçons, moines, seigneurs, gens du peuple, et autres serfs, où se tissent les intrigues politiques suscitées par les ambitions des différents protagonistes qui s’entre- déchirent qui, pour l’argent, qui, pour le pouvoir, qui, pour la religion.
La trame est complexe et les personnages nombreux et, malgré la longueur du roman environ 1050 pages), il se lit aisément. Il dépeint la vie quotidienne dans un village de l’Angleterre provinciale au Moyen Age, (la foi n’est pas encore uniforme), les chantiers des cathédrales, les guerres de succession au trône qui favorisent les luttes politico-financières pour les plus ambitieux, avec les amitiés qui se font et se défont en fonction de l’intérêt immédiat de chacun et les amours, heureuses ou malheureuses qui naissent et meurent ainsi que les passions qui se déchainent, les haines et les inimitiés qui déclenchent des évènements sanglants et meurtriers. Ces héros sont attachants (surtout les gentils), mais plus encore Tom, qui rêve de bâtir une cathédrale et dont le rêve va sans doute se concrétiser lorsque celle de Kingsbridge brûle. Ce livre rempli de beauté tout autant que de cruauté est gorgé d’émotion ; ses pages sont pleines de vie et de sentiments avec, en prime, une excellente leçon d’histoire.
Vingt ans après Les Piliers de la terre Ken Follet récidive avec Un monde sans fin. Bien que l’histoire se passe à Kingsbridge et gravite autour de sa cathédrale, il n’en constitue pas une suite.
Il ne s’agit plus ici de la construction de la cathédrale mais de sa rénovation et des travaux d’architecture dans une ville dépérissante qui, sous l’influence de ses protagonistes, retrouve son plein essor.
Le lecteur prend plaisir à revisiter Kingsbridge et sa cathédrale qui revit avec ses habitants, dont certains sont les descendants de Tom, le personnage de Les piliers de la terre Un monde sans fin reprend donc le flambeau de cette épopée devenue légende : les héros de ce nouveau récit épique, de cette fresque historique sont les descendants des constructeurs de la cathédrale de Kingsbridge, érigée dans l’Angleterre du XIIème siècle. Nous sommes en l’an de grâce 1327, Merthin, Caris, Ralph et Gwenda ne sont encore que des enfants quand ils assistent à une scène terrible qui va lier leur destin à tout jamais. Cachés dans les bois, ils sont les témoins du meurtre de deux soldats de la reine par un chevalier qui enfouit ensuite dans le sol une mystérieuse missive. Le roman de Ken Follett convie à un voyage épique au Moyen-âge. Captivant, plein de rebondissements, il est émaillé de notions d’architecture et de médecine puisqu’il nous fait traverser cette période du Moyen-âge ravagée par la peste noire. Que ce soit Les Piliers de la terre ou Un Monde sans fin, l’auteur, au-delà de la richesse documentaire indéniable, a su, avec talent, par le truchement de ses sympathiques personnages, entraîner le lecteur dans un monde féerique.
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