L’ivrEscQ : Comme à chacune de vos parutions, nous attendons vos livres avec impatience. Est-ce que votre roman Chuchotements a eu le succès que vous escomptiez auprès de vos lecteurs?
Leïla Aslaoui Hemmadi : Ce livre a fait le plein en 2015, car tous les exemplaires édités par Dalimen ont été vendus. Je n’ai absolument pas été déçue si j’en juge par les témoignages de nombreux lecteurs par courriel et par les commentaires de la presse nationale. D’autres moins nombreux que les premiers, ne l’ont pas aimé car, ont-ils affirmé, «trop dur». Mon intention était en effet de rap-peler à travers l’histoire familiale des Sarbou que toutes les violences subies après l’indépendance restent là. Je n’ai pas écrit sur l’Histoire, n’étant pas historienne, mais plus modestement sur des mensonges, la marginalisation des femmes, la ruralisation des villes, notamment la Capitale, la décennie noire. Voilà pourquoi Hourria personnage principal de Chuchotements est emportée dans un aller-retour incessant entre Guerre de Libération/Années sanglantes. Est-ce «dur» d’avoir parlé de ces violences ou de les avoir subies? Je pourrai également citer le monde des femmes à la fois victimes mais capables du pire surtout entre elles. Parviendrons-nous un jour à juguler toutes ces violences ? Je l’ignore mais je suis heureuse d’avoir été jusqu’au bout, d’avoir exprimé mes idées car Chuchotements est avant tout un hommage à la patrie : la mienne et je n’en ai aucune autre de rechange. Enfin il y a d’autres thèmes que je qualifierai de récurrents comme le pardon sans justice. Récurrents puisqu’ils ont été abordés dans de précédents ouvrages comme Le Cartable bleu. Et à ce propos je conclurai ma réponse par cette opinion d’une lectrice (courriel) : «madame nous en avons assez des récits et romans sur le terrorisme. Ecrivez des choses plus gaies». Cette dame a ajouté : «Je vis en France depuis l’âge de quatre ans». Tout ceci pour vous dire que la lecture d’un livre est dé-pendante de la sensibilité de chacun et de son ressenti.
L’ivrEscQ : Pourquoi avoir choisi un volumineux ouvrage de 381 pages ?
Leïla Aslaoui Hemmadi : Lorsque j’ai commencé l’écriture de l’ouvrage, j’ignorais absolument quel serait le nombre de pages. J’ajouterai que la pagination ne m’intéresse pas au moment où j’écris. Dans Chuchotements il y a plusieurs personnages qui gravitent autour de Hourria et vivent différentes situations qui s’enchaînent et s’imbriquent les unes aux autres. Cela étant, un auteur de qualité n’est pas jugé, fort heureusement, au nombre de pages mais Dieu merci sur d’autres critères.
L’ivrEscQ : Précisément puisque vous abordez la notion de qualité en littérature Chuchotements a fait partie des ouvrages sélection-nés pour le prix Assia Djebar en 2016 et les Escales littéraires en 2016. Vous n’avez pas été nominée. Pourquoi ?
Leïla Aslaoui Hemmadi :D’autres que moi sélectionnés ont vu leurs ouvrages rejetés. Pour ma part je n’ai aucun commentaire à faire car un jury littéraire est absolument souverain dans ses appréciations et ses décisions. En outre -et je suis sincère- écrire pour moi c’est avant toute chose être libre d’exister et de dire sans prétention aucune que celle d’user de cette liberté comme je l’entends. Avec deux règles immuables : le souci de bien écrire et le respect du lecteur qui doit pouvoir se reconnaître dans une histoire. Un prix ou une autre distinction ne sont pas ma motivation.
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