La jeunesse algérienne face aux défis de son temps
L’ivrEscQ : Votre récit, Sami et la planète bleue, est ficelé d’une trame simple et habile, faite de détails sans surcharge. On sent le réel plaisir dans l’écrit. D’où puisez-vous votre inspiration ?
Leïla Hamoutene : Des événements qui secouent notre monde, de ce et ceux qui m’entoure (ent), des jeunes que je côtoie, de leurs attentes, de mes lectures …
L. : Le modèle de la vie de Sami est organisé, mais on sent qu’il le frustre et l’angoisse. Est-ce à bon escient que vous avez voulu ressortir cette insatisfaction symptomatique de l’adolescence, âge de l’éclosion, où tout semble pénible ?
L. H. : Sami est frustré mais ce n’est pas tant son mode de vie qui le perturbe. Il trouve son existence dépourvue de nouveautés et d’aventures, mais ce sont ses interrogations existentielles qui vont l’angoisser. Le regard de Kalem sur notre monde va accentuer son malaise et l’amener à se poser les vraies questions.
L. : Kalem s’impose en mentor de Sami. Il lui ouvre les yeux sur la responsabilité de chacun sur sa propre destinée. La génération que vous côtoyez dans vos ateliers d’écriture est-elle consciente de l’enjeu ? Est-elle prête aux défis qui changent des vies plutôt que le monde ?
L. H. : Pour Sami, Kalem est l’aventure au sens noble du terme, la découverte de valeurs oubliées : le sens des responsabilités, le respect de la nature, le respect de l’innocence. A-t-on le droit de mettre les enfants face à la violence, à l’injustice, à la guerre ? Le devoir de mémoire : on ne doit pas oublier ses souffrances dans le but de ne pas culpabiliser, mais surtout pour ne pas faire subir aux autres ce que l’on a vécu si douloureusement. L’exemple de la Palestine occupée illustre bien ce principe de vie. Je suis triste de dire que la jeune génération n’est pas consciente de l’enjeu car l’éducation qu’elle reçoit est tournée vers un but : la survie, l’individualisme, le matérialisme. Il n’y a pas de place pour les grands sentiments, ou si peu
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