Actuellement, les bouquinistes épris du livre s’approprient la place d’Alger Centre, la Grande-Poste. Ils étendent fièrement leurs livres aux professeurs, étudiants ou tout simplement aux bouquineurs.
Sur leurs humbles tables, chacun y trouve son plaisir. Des livres scolaires, parascolaires, romans classiques, anciens ou récents sont exposés : Lettres à ses amis de Mouloud Feraoun, l’Alchimiste de Paulo Coelho, L’amour triste de Bernard Pingaud, La femme sacrée de Michel de Grèce, Mandala de Pearl Buck, l’Attentat de Yasmina Khadra… Un métier identique à l’artisanat : rares sont ceux qui peuvent vivre de leur passion, et rares sont ceux qui arrivent à le perpétuer. Approchés par L’ivrEscQ, certains de ces bouquinistes se disent non satisfaits de leur situation, faute de moyens, allusion faite aux intempéries. Ils révèlent, par ailleurs, qu’ils envient ces bouquinistes français longeant à plus de trois kilomètres la Seine en France, qui sont même déclarés patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces bouquinistes outre-mer ont été les pionniers à affirmer leur passion en 1789 ; ils ont débuté, dans la difficulté, en étant de petits marchands qui exerçaient sous la pression des autorités sous peine d’être chassés des lieux. Ils ont été réintégrés par la suite, pour devenir – dans les temps présents – l’emblème de leur capitale. Qu’en est-il des bouquinistes algériens ? Ces derniers déclarent que l’APC leur a rendu un grand service en leur réservant ces espaces, néanmoins ils souhaitent une large superficie pour continuer à exister tout en respectant les normes et créer à cet effet une cité du livre. Daham Merzak, cet autre bouquiniste, ancien journaliste, souligne que leur situation n’est certes pas identique aux bouquinistes français, mais leurs exigences demeurent légitimes et sensées. Car la limitation de leurs ventes aux livres anciens est un ennui majeur ; selon lui il est difficile de penser à une quelconque relève vu l’état actuel de leur mode de travail. Ces amateurs collectionneurs restent, en dépit de tout, optimistes et lancent un cri de détresse : «Nos jeunes n’accepteront jamais de travailler dans de telles conditions. Nous devons, dans ce cas, tout faire pour que les générations futures perpétuent notre métier. » « C’est un métier honorable, car nous sommes des hommes de culture, contrairement au libraire qui est un commerçant cherchant à ce que ses livres soient rentables ; si les livres ne leur apportent rien, ils ferment. Nous, bouquinistes, sommes censés faire passer notre savoir et notre amour du livre», dixit Daham. Malgré la menace causée par l’arrivée des livres numériques, le livre traditionnel reste l’unique outil de communication et de culture des temps anciens où la science et le savoir étaient à l’apogée. Celui-ci a bel et bien des fidèles qui continuent feuilleter ses pages jaunies par le temps, et se mettre dans la peau des personnages le moment d’une lecture (…)
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