Créscia le 1er avril 2011
À Nadia Sebkhi, écrivaine,
Chère Madame,
Me voilà ressuscité, rien par la magie de votre plume remarquable. Moi un grand écrivain, une icône, des mots qui me font rougir. Je ne suis, à la vérité, qu’un modeste écrivain qui, en son temps, avait quelque chose à dire sur ce monde incompréhensible et injuste. C’est fait, je suis oublié, mais pas mort tout à fait. J’ai seulement cessé d’écrire à partir du moment où j’ai cessé d’être malheureux. Et oui, chère Madame, je suis un homme heureux, chose rare dans notre pays qui pleure. Suis-je donc un égoïste en tenant un tel propos ? Non ! seulement, il me semble qu’à l’approche de mes 80 ans, j’ai accompli ma mission sur terre, fidèle à Dieu, fidèle aux hommes et puis, je n’ai pas refusé ma tâche sur terre, et comme le dit le sage Hugo dans sa vieillesse, je pourrai dire à mon tour : «Mon sillon le voici, ma gerbe, la voilà.» dans ma vie mouvementée, j’ai travaillé et beaucoup. J’ai surtout transmis mes connaissances, éduqué par l’exemple des milliers d’enfants et c’est là tout mon mérite. Aujourd’hui, la tâche est accomplie et fatigué par les ans, je n’aspire qu’à la paix. La gloire n’appartient qu’à Dieu. Celle des hommes, quand elle existe, réside dans la connaissance, dans le sacrifice du martyr ou bien encore dans la renommée d’un homme juste. On dira toujours de lui : «C’était un homme !»
S’il m’était permis de recommencer mon existence, je crois que je donnerais plus encore à la formation de la jeunesse algérienne. Elle souffre de tant de contradiction. Notre société celle dont rêvaient Abane Ramdane, Boudiaf, ne pourra changer favorablement que par la connaissance vraie et la tolérance. Pour sauver notre pays menacé par l’obscurantisme, l’intégrisme, un seul espoir d’échapper au désastre, instruire et bien. Par le moyen de l’enseignement scolaire viable, je cite J. Rostand, on éveille dans les jeunes esprits la conscience d’appartenir à une humanité sans frontière. Que les manuels scolaires soient débarrassés du tout jugement à l’égard de l’étranger. Plus de partialité, plus d’agressivité, bannir du livre de classe tout ce qui peut justifier un sentiment de primauté. Il faut persuader l’enfant qu’aucun pays ne vaut mieux qu’un autre, qu’aucune race n’est supérieure à nulle autre.
Je rêve comme tous les rêveurs de cette école salutaire où l’on enseignerait la tolérance, la fraternité, le respect de la vie, l’amour du travail. Il n’y aurait plus de haine, plus de racisme par la connaissance.
De l’amour partout et un bond en avant pour apprendre notre économie. Ah ! Lire, Lire et je rêve aussi de voir une bibliothèque dans chaque école, dans chaque village. J’aimerais qu’on organise une fête annuelle en l’honneur du livre dans chaque commune. Victor Hugo classe le livre après le pain dans les besoins de l’homme chaque fois qu’on instruit des hommes on ferme une prison. Chez nous, le livre est relégué à la dernière place de nos préoccupations. Et combien d’écrivains algériens vivent de leur plume ? On régresse dans tous les domaines. C’est le Moyen Age qui revient au galop et appelle aux croisades. L’esprit des Beni Hillals, tel qu’il est décrit par Ibn Khaldoun flotte partout. Pourtant l’islam a ses propres valeurs qui sont vraies et bonne pour tous les hommes de la planète, les règles sont claires et inscrites dans le saint coran. Donc, l’islam n’a pas besoin d’avocat ni de faux dévots pour le défendre. L’habit ne fait pas le moine et la barbiche ne fait pas d’un homme un saint. Certes, la France colonisatrice a commis des injustices en matière d’enseignement, mais que l’Algérie des Algériens, cette patrie arrosée du sans des martyrs, en commette, cela s’appelle un crime. C’est pourquoi, il me semble, que notre école a besoin d’être réorientée en vue d’un perfectionnement qui permettrait à notre pays de s’adapter aux exigences de notre époque et de bannir l’intolérance dans notre société… (À Suivre)
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