«Il y a des lectures qui m’ont marqué à vie. Par exemple ce livre relié que j’avais trouvé dans une malle, et dont je ne savais même pas le titre. C’était Les Mille et Une Nuits. J’ai passé les premières années de ma vie halluciné par la vision des tapis qui volaient et des génies qui sortaient des bouteilles. C’était merveilleux… et, pour moi, tout à fait vrai !…»
Cette confidence n’est pas de Waciny Laredj, qui rattache son goût de l’écriture aux contes de sa grand-mère, à l’école coranique, à un bon professeur d’arabe et à la lecture des Mille et Une Nuits, mais du géant de la littérature mondiale qui vient de nous quitter : Gabriel Garcia Marquez (dans un entretien accordé au Courrier de l’Unesco, en février 1996). Ce dernier avait lui-même le goût de la magie transmis par sa grand-mère.
L’illumination dont il nous parle est due à la traduction littéraire, une passerelle qui fait se rencontrer les littératures de langues différentes.
La traduction est une forme d’internationalisme dans le monde moderne ; on a dit que chaque langue du monde porte en elle l’héritage de toutes les langues du monde. «Œuvre de médiation, la traduction confronte des connaissances pour en extraire une essence neuve dont le contenu constitue une adaptation incessante du savoir humain», écrivait Abdelkader Benarab dans le Quotidien d’Oran le 19 février et il rappelait que selon certaines sources, le monde aurait produit en 1982, 150.000.000 pages de traduction.
Les chefs-d’œuvre qui touchent tous les publics et élargissent nos horizons ont heureusement sauté les frontières. La circulation des savoirs et de la connaissance a connu des étapes particulièrement brillantes. Rappelons par exemple le courant de communication qui au début du deuxième millénaire est passé du Moyen-Orient en Andalousie, de Baghdad à Tolède. Tolède a été un lieu d’échange entre les civilisations juive, chrétienne et musulmane, un espace de tolérance et de communication unique en Europe. Le monde arabe, nourri de ses propres richesses et, par la traduction, des richesses de la Perse et de la Grèce, les a transmises au monde occidental.
Mais venons-en à l’Algérie d’aujourd’hui où, semble-t-il, la traduction des œuvres littéraires est à la fois une nécessité, un bonheur, une richesse à partager.
Le plurilinguisme est une réalité : nos écrivains s’expriment soit en arabe, soit en français, soit en tamazight, soit même en langue dialectale. Cette situation n’est pas sans soulever des problèmes ni susciter des polémiques. Dans le cadre de ce forum, sans vouloir faire le tour de la question, je laisse la parole à celui qui a été en Algérie le pionnier de la littérature algérienne de langue arabe, notre regretté Abdelhamid Benhedouga.(…)
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