L’ivrEscQ : Quand et comment est venue l’idée de Raconte-Arts ? Hacène Metref : L’idée de RaconteArts n’est pas venue comme ça. Elle est à la fois le fruit du hasard et en même temps la continuité de quelque chose. En effet, Raconte-Arts auraitil existé si un jour Denis Martinez n’avait pas émis le vœu de revenir au pays en 2003, après une dizaine d’années d’exil, pour présenter sa performance intitulée: « La fenêtre du vent » inspirée de la tradition des femmes kabyles ? Raconte-Arts aurait-il existé si feu Salah Silem n’avait pas décidé de restaurer la vieille tajmaât attenante à leur maison familiale dans leur village Taourirt El Hedjadj et s’il n’avait pas invité Martinez ? Raconte-Arts aurait-il existé si moimême n’était pas disponible, après avoir arrêté malgré moi d’organiser un évènement phare qui me tenait à cœur et qui n’était autre que la célèbre Fête Nationale de la Poterie de Maâtkas que j’ai fondée en 1992. Il se trouve que c’est durant la première édition de cette fête que j’ai connu Denis Martinez. Ce qui m’amène à dire que Raconte-Arts est la continuité de la fête de la poterie mais aussi le fruit du destin… Car ce dernier a mis sur le même chemin trois amis qui ont décidé de lancer ensemble une action qui donnera naissance à une des plus belles manifestations culturelles de ce pays. Raconte-Arts est né à At Yani en 2003 ; Denis avait présenté sa performance ; Salah l’avait accueilli dans son village et moi j’ai fait l’habillage qui a donné la forme à ce festival atypique et singulier.
L’ivrEscQ : Quel a été l’objectif premier visé par une telle manifestation ? H. M. : L’objectif premier visé par cette manifestation était de redonner espoir aux jeunes qui s’ennuyaient dans nos villages. Nous avions décidé de renouer avec l’animation culturelle après une période de disette et de grisaille imposée par la conjoncture politique qui n’était pas favorable à l’expression culturelle en général et artistique en particulier. Nous avons, après quelques éditions, décidé d’apporter de la proximité partout où nous sommes sollicités. Montrer à nos jeunes dans les villages qu’ils peuvent faire de belles choses avec des idées très simples. Il suffit d’y croire et surtout de s’y mettre.
L’ivrEscQ: A qui s’adresse-t-elle et comment se fait le choix du lieu ? H. M. : Raconte-Arts s’adresse en premier lieu aux villageois qui nous accueillent et par extension aux visiteurs et tous les curieux qui viennent de différents horizons. C’est une fête de village qui s’ouvre sur l’extérieur, ce qui permet des échanges autrement féconds et surtout réciproques. Le choix du village se fait un peu au hasard des rencontres et surtout à la demande. Ce sont les villages qui voudraient accueillir Raconte-Arts qui viennent nous solliciter. Une fois le concept compris et assimilé par nos hôtes et les conditions de déroulement acceptées, l’équipe de Raconte-Arts annonce officiellement à travers la presse le village retenu. On a procédé à chaque fois de la même façon et ça marche à tous les coups. Cela fait douze ans que ça dure. Evidemment, il n’y a pas de raison pour que ça ne continue pas. Je n’en veux pour preuve que cet engouement qui s’est emparé de nos villages et qui fait que nous sommes sollicités par une dizaine de villages.
L’ivrEscQ: Après 12 éditions, quel bilan peut-on en tirer ? H. M. : Après douze ans, ce n’est pas un bilan qu’il faut faire – car de toutes les façons, la réussite de Raconte-Arts, au delà des chiffres, est remarquable – mais plutôt un plan d’urgence pour trouver des solutions au raz-de-marée qui s’empare des villages à chaque édition. Il est impératif pour nous de revoir notre copie afin de canaliser l’engouement populaire qui commence à faire peur aux petits villages. Après ces douze ans, il faut dire que Raconte-Arts est devenu phénoménal tant par la qualité de son programme que par l’affluence nombreuse qui ne cesse de se multiplier.
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