Plus de cinquante ans après la publication de La trilogie Algérie, Mohammed Dib est enfin rééditée pour la première fois en un seul et même volume par la maison d’édition algérienne Barzakh. La Grande Maison, L’incendie (merveilleuse métaphore annonciatrice du déclenchement de la guerre de libération nationale) et Le métier à tisser, romans dramatiques et sociaux, dénonçant l’ordre établi s’inscrivent dans une lancée réaliste.
Cette nouvelle édition est enrichie de photographies de Dib issues de la collection personnelle de Colette Dib, d’une postface du romancier Mourad Djebel et d’une introduction signée Naget Khadda. Professeur de langue et de littérature de l’Université d’Alger spécialiste reconnue de Mohamed Dib, elle a à son actif plusieurs ouvrages et de nombreuses publications d’articles tant en Algérie qu’à l’étranger.
En 2003 paraît Mohammed Dib cette intempestive voix recluse. Plus qu’un ouvrage l’auteur nous offre une vision panoramique de l’oeuvre dibienne pour mieux en comprendre les soubassements.
L’étude appréhende l’oeuvre à la fois dans son développement chronologique, à travers sa diversité générique et selon ses obsessions thématiques. Cet ouvrage très précis s’articule autour de cinq thématiques principales.
Cette intempestive voix recluse commence par présenter l’écrivain réaliste. Une étape où Mohammed Dib était en quête de formes nouvelles d’écritures. Naget Khadda remet ces écritures dans l’ambiance et l’époque dans lesquelles elles ont été créées. Elle livre une analyse de ses oeuvres, abordant l’expression, l’engagement, le contexte politique pour mieux appréhender l’évolution de la littérature de Dib.Les présentations étant faites, Naget Khadda invite dès le second chapitre le lecteur à plonger dans l’imaginaire dibien en s’intéressant à l’explosion fantastique, et au néo-réalisme de la désillusion. L’auteur revient sur le cycle de l’exil et s’interroge sur la relation femme/amour dans l’oeuvre dibienne. Elle rend compte à la fois du changement radical du paysage politique et de la nécessité pour Dib de s’inventer une nouvelle philosophie d’écriture en cultivant la mémoire de son pays d’origine.
Cette intempestive voix recluse est souvent citée comme un ouvrage de référence, un ouvrage dans lequel Khadda a redessiné les contours et les figures d’un imaginaire où le passé se redéploye à chaque instant dans le présent de l’auteur exilé.
L’auteur signe une analyse pertinente et accessible enrichie par les nombreux extraits de texte de Mohammed Dib. Nagget Khadda réussit le pari de produire une étude moderne, complète et organisée.
Soraya Boudriche Derrais
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