Par Farida BOUALIT
Chronique d’une mort annoncée
De mars 1913 à mars 1962, de Tizi Hibel à Tizi Hibel (en Kabylie où est né et enterré l’écrivain), l’itinéraire d’un des fondateurs de la littérature algérienne de langue française dessine une boucle d’une triste perfection : la vie et la mort confondant étrangement leurs temps et leurs espaces. Les balises de cet itinéraire de quarante neuf ans à peine, dictées essentiellement soit par des raisons professionnelles soit sécuritaires, paraissent comme autant de signes révélateurs de la détérioration progressive des conditions de vie en Kabylie et dans tout le pays. Cette situation affectait Mouloud Feraoun au plus profond de lui-même comme en témoignent deux ouvrages de l’auteur publiés à titre posthume et dont les dernières lignes datent du 14 mars 1962, la veille de son assassinat. Le premier ouvrage, dans le style de la chronique, est un journal que l’auteur a tenu à jour, du 1er novembre 1955 au 14 mars 1962, à des fins de publication et qu’il définissait lui-même en ces termes : « Enfin, j’ai tenu un journal qui relate tout ce dont j’ai été témoin (…).Un brûlot rageur où chacun en a pour son compte. » Les notes que l’auteur rédige au jour le jour, pendant sept ans, sont toutes en rapport avec la guerre : les ratissages, les grèves, les arrestations, les accrochages, les tortures, les viols, les tueries, les incendies d’écoles et de villages, les camps de regroupement derrière des barbelés, la pacification, l’assimilation… Mouloud Feraoun, en chroniqueur avisé, voulait « simplement ceci : après ce qui s’est écrit sur la Guerre d’Algérie, bon ou mauvais, vrai ou faux, juste ou injuste, il convient qu’à cela s’ajoute son Journal. » Le second ouvrage, Lettres à ses amis, est un recueil de missives authentiques de l’auteur lesquelles, à l’origine, n’étaient pas destinées à la publication. Elles furent simplement rassemblées et triées selon un ordre chronologique, depuis le 12 avril 1949, par les soins de son condisciple et ami très proche, Emmanuel Roblès. L’épistolier Mouloud Feraoun, dans l’intimité de l’échange, par correspondances interposées, se livre, se laisse aller à la confidence, raconte des anecdotes, confie ses joies, ses douleurs et son désarroi sur le mode libre de la conversation (…)
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Une Réponse pour cet article
Bravo pour ce numéro spécial sur Feraoun dont je n’ai pu lire que des extraits sur votre site.
Je suis en France
Serait-il possible de souscrire un abonnement pour une version internet.
Merci et bravo encore.
Bien fraternellement,
José Lenzini
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